Pour la première fois, j’ai vu des greniers vides à Bambré… La famille qui habite derrière "chez nous" a huit greniers : un seul est plein, un autre est déjà vidé aux trois quarts, et ce sont les restes des récoltes de 1999. Dans la zone de Nebba, les pluies ont été fortes en juillet 2000, puis se sont totalement arrêtées depuis début août. Dans ces conditions, la digue ne doit-elle pas passer au second plan?

Et pourtant Hompiadi, Diawaaro, Tankori et Liaba, Boualihambou et Fatima, Dayoudi, Biyebepo, etc sont venus travailler bénévolement sur le chantier. Ils sont là, ils tournent le béton, extraient la terre durcie, la transportent, charrient le sable, le gravier et le ciment. Les femmes approvisionnent en eau, compactent la glaise avec leurs gourdins. André et ses "soldats" montent des murs impeccables, et Moïse n’a plus qu’à approuver. Un autre s’est trompé : tout content d’avoir, avec son équipe, commencé avant l’arrivée «des HSF», il est en train de remplir le drain d’une belle couche de béton avant d’y répartir les blocs de latérite. Stop ! on arrête, on nettoie et on recommence, et malgré la honte du chef on s’efforce quand même d’en plaisanter…

Et que vont-ils manger en juillet et en août, quand il faudra cultiver ? Tout le monde ici a peur de la prochaine soudure. Tinyenga Niyemba Burkina a repris les livraisons de céréales, achetées à Ouagadougou, transportées "cadeau" et revendues à prix coûtant, mais le budget de Via Nebba a été en grande partie absorbé par le chantier en cours, et les réserves seront-elles suffisantes ? Quarante tonnes ont été achetées fin janvier à 9000 CFA par 100 kg, et à la mi-février le sac était déjà à 11 000 CFA ! Eh bien on va dire qu’il y a de l’espoir : si la revente se fait bien, et si l’argent est bien géré, il y a de quoi faire encore au moins deux livraisons identiques. Et il semblerait que la digue va laisser un petit reliquat… De quoi envoyer une dernière livraison en août, quand ce sera le plus nécessaire ? Et nous allons suggérer aux "frères de Ouaga" de constituer, avec les retours des ventes, un fonds permanent "de disette", de quoi dire un jour : nous sommes autonomes, même en cas de sécheresse !

Et l’espoir, il est dans l’eau… tous les acteurs sont attendus en janvier ou février prochain pour manger le poisson de Coalla, histoire d’inaugurer la recette des "darnes de capitaine aux poireaux", tout de production locale. Pour peu que les pluies aient bien voulu tomber, on leur promet une belle fête… Et nous aurons encore au moins un an pour laisser l’eau prendre sa place, laisser les villageois prendre leurs nouvelles marques, avant de réfléchir avec eux à l’aménagement d’un périmètre maraîcher… Nebba, à bientôt!

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