Compter d’abord sur ses propres forces ! Exemple : Digue de Nebba au Burkina Faso |
Cet atelier concernait essentiellement les pays qui ont des difficultés à mobiliser le financement de la coopération internationale. Il s'est attaché en particulier au chantier de la digue de Koalla au Burkina-Faso. La variété des expériences et les questionnements des intervenants ont permis à Marie-Paule Kreider et Julianne Soudan de préciser les objectifs. Les échanges ont été animés et fructueux; on peut essayer d'en regrouper les principales lignes directrices qui se sont dégagées au cours du débat.
Aspect proprement technique
Le point essentiel est la réalisation de la digue sur 4 ans ou
sur une année avec les problèmes que pose la reprise d'une
digue en terre . En effet, il s'agit des moyens mis en œuvre : l'absence
de finances importantes ne permet pas d'avoir des camions, pelles, compacteurs
et impose par conséquent des procédés de type artisanal
et une durée beaucoup plus longue des travaux. L'objection est donc
la suivante : si l'on ne réalise pas la digue sur toute la longueur,
on risque d'avoir des reprises latérales et ainsi, un ensemble
déconnecté et fragile. D'autre part, ces modalités
induisent des problèmes éventuels de teneur en eau et de
qualité de compactage.
En réponse, il n'y a pas lieu d'envisager ces difficultés
car le phasage projeté a toujours été le suivant :
construction d'une digue en rive gauche,
construction d'un déversoir en béton,
construction d'une digue en rive droite,
construction du tablier du pont.
Ce programme ne suppose donc pas de reprise de l'ouvrage en terre et
élimine les risques évoqués.
Pour la qualité du compactage, nombre d'expériences,
- en Chine notamment - montrent que le damage à la main est tout
à fait possible et il existe des moyens de contrôle empiriques
mais fiables (passage de véhicules sur la digue, observation de
la résistance du sol…).
Le premier problème remet en jeu la durée du chantier
et, ainsi, les risques de démobilisation de la population. Mais
Marie-Paule apporte le témoignage, par son expérience de
la première mission, d'une motivation très forte des gens.
Par ailleurs, la participation de plusieurs villages regroupés permet
à des représentants délégués locaux
de recruter la main d'œuvre et organiser des rotations d'équipes.
Il ne pourrait être question d'exercer une action coercitive
sur les populations et la notion de rétribution soulève alors
quelques interrogations: est-elle nécessaire puisque ces villageois
sont les premiers bénéficiaires de leur propre travail ?
On pense que oui : toute peine mérite salaire par principe. Il faut
aussi indemniser les gens qui perdent le bénéfice de leur
activité habituelle. La rétribution à un tarif inférieur
au minimum local montre qu'il s'agit d'une indemnisation et non d'un vrai
salaire.
Une suggestion enfin : il faudrait motiver les populations par une
formation technique à plusieurs niveaux qui assure l'autonomie et
la valorisation des compétences.
La question des moyens financiers
Les conclusions des discussions conduisent à bien prendre conscience
de cette nécessité: HSF doit se faire le relais entre les
organismes publics locaux et les associations locales de développement
qui parviennent difficilement à organiser des recherches de financement.
A un niveau plus haut, HSF doit se faire le porte-parole des demandes locales
auprès des organismes européens, financeurs éventuels,
et garantir ainsi la fiabilité des demandes.
Enfin, sur ce sujet, voici des propositions qui touchent à la
structure même de l'organisation :
Faut-il créer une cellule autonome au sein d’HSF - à
Paris de préférence pour les contacts - qui se spécialise
dans la recherche des aides, le recensement des organismes susceptibles
d'être bailleurs de fonds, centralisant, mettant régulièrement
à jour et rediffusant ces informations ?
Faut-il envisager la création d'un bureau d'études qui
assure le financement d’HSF donc son autonomie puisque les lourdeurs administratives
et le caractère aléatoire des subventions sont des freins
perpétuels ?