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ATELIER 3
Compter d’abord sur ses propres forces !
Exemple : Digue de Nebba au Burkina Faso

Cet atelier concernait essentiellement les pays qui ont des difficultés à mobiliser le financement de la coopération internationale. Il s'est attaché  en particulier au  chantier de la digue de Koalla au Burkina-Faso. La variété des expériences et les questionnements des intervenants ont permis à Marie-Paule Kreider et Julianne Soudan de préciser les objectifs. Les échanges ont été animés et fructueux; on peut essayer d'en regrouper les principales lignes directrices qui se sont dégagées au cours du débat.

Aspect proprement technique

Le point essentiel est la réalisation de la digue sur 4 ans ou sur une année avec les problèmes que pose la reprise d'une digue en terre . En effet, il s'agit des moyens mis en œuvre : l'absence de finances importantes ne permet pas d'avoir des camions, pelles, compacteurs et impose par conséquent des procédés de type artisanal et une durée beaucoup plus longue des travaux. L'objection est donc la suivante : si l'on ne réalise pas la digue sur toute la longueur, on risque d'avoir des reprises latérales et ainsi,  un ensemble déconnecté et fragile. D'autre part, ces modalités induisent des problèmes éventuels de teneur en eau et de qualité de compactage.
En réponse, il n'y a pas lieu d'envisager ces difficultés car le phasage projeté a toujours été le suivant :
 construction d'une digue en rive gauche,
 construction d'un déversoir en béton,
 construction d'une digue en rive droite,
 construction du tablier du pont.

Ce programme ne suppose donc pas de reprise de l'ouvrage en terre et élimine les risques évoqués.
Pour la qualité du compactage, nombre d'expériences, - en Chine notamment - montrent que le damage à la main est tout à fait possible et il existe des moyens de contrôle empiriques mais fiables (passage de véhicules sur la digue, observation de la résistance du sol…).
Damage à Koalla

Les éléments humains de cette réalisation

Le premier problème remet en jeu la durée du chantier et, ainsi, les risques de démobilisation de la population. Mais Marie-Paule apporte le témoignage, par son expérience de la première mission, d'une motivation très forte des gens. Par ailleurs, la participation de plusieurs villages regroupés permet à des représentants délégués locaux de recruter la main d'œuvre et organiser des rotations d'équipes. Il ne pourrait être question d'exercer une action coercitive  sur les populations et la notion de rétribution soulève alors quelques interrogations: est-elle nécessaire puisque ces villageois sont les premiers bénéficiaires de leur propre travail ? On pense que oui : toute peine mérite salaire par principe. Il faut aussi indemniser les gens qui perdent le bénéfice de leur activité habituelle. La rétribution à un tarif inférieur au minimum local montre qu'il s'agit d'une indemnisation et non d'un vrai salaire.
Une suggestion enfin : il faudrait motiver les populations par une formation technique à plusieurs niveaux qui assure l'autonomie et la valorisation des compétences.

La question des moyens  financiers

Les conclusions des discussions conduisent à bien prendre conscience de cette nécessité: HSF doit se faire le relais entre les organismes publics locaux et les associations locales de développement qui parviennent difficilement à organiser des recherches de financement. A un niveau plus haut, HSF doit se faire le porte-parole des demandes locales auprès des organismes européens, financeurs éventuels, et garantir ainsi la fiabilité des demandes.
Enfin, sur ce sujet, voici des propositions qui touchent à la structure même de l'organisation :
Faut-il créer une cellule autonome au sein d’HSF - à Paris de préférence pour les contacts - qui se spécialise dans la recherche des aides, le recensement des organismes susceptibles d'être bailleurs de fonds, centralisant, mettant régulièrement à jour et rediffusant ces informations ?
Faut-il envisager la création d'un bureau d'études qui assure le financement d’HSF donc son autonomie puisque les lourdeurs administratives et le caractère aléatoire des subventions sont des freins perpétuels ?

Florence PINTUS