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CONTRASTES D'AFRIQUE DU SUD

Nous ne ramenons pas de notre mission une vue complète de la République d’Afrique du Sud, mais cette immersion dans la Province du Nord nous permet de porter un regard relativement objectif sur la situation des populations rurales, et d’orienter une action qui soit en accord avec nos critères HSF.

Côté négatif : l’héritage de la colonisation et de l’apartheid se traduit par une scandaleuse répartition du territoire entre d’immenses fermes de cultures modernes et d’élevage extensif sur les meilleures terres, et l’affectation de zones pauvres ou incultes à un habitat rural très dispersé. Sur fond d’un taux de chômage de 48% les actifs sont obligés de quitter leur famille pour travailler au loin : à Johannesburg, dans les mines ou comme saisonniers sur les plantations fruitières. Le revenu de ces familles “rurales sans agriculture” dépasse rarement 1000 F par mois.

Pietersburg, capitale de la Province du Nord, est un centre administratif et commercial où blancs et noirs s’activent selon leurs compétences. La proche banlieue attenante à la ville est occupée par des villas comparables à celles des résidences aisées de Grenoble et Chambéry. La ville noire satellite située à 10 km est plus modeste mais bien entretenue. Cependant, après 50 km de “no man’s land” on commence à voir, de part et d’autre de la route les petites maisons éparpillées des “townships” et des lotissements nouvellement construits par le gouvernement, qui disposent de services très défaillants en matière d’eau, d’assainissement, de voirie, ou de collecte des ordures.

Côté positif : le gouvernement et l’administration, où noirs et blancs collaborent dans une atmosphère apparemment sereine, avec une dominante politique pour les noirs, et technique pour les blancs, s’active à améliorer les infrastructures en zone rurale, notamment l’alimentation en eau, maintenant considérée comme prioritaire. Dans chaque municipalité qui comporte environ 50 villages à l’habitat très dispersé, nous avons pu visiter de grands travaux  d’adduction primaire réalisés depuis quatre ans avec un budget important. Le retard des investissements nécessaires à la construction des réseaux de distribution crée cependant une insatisfaction qui s’est exprimée dans chacune des réunions où les communautés villageoises nous ont fait part de leurs attentes et de leurs griefs. Le gouvernement local est conscient de cette situation et il n’est pas de notre vocation d’intervenir  à ce niveau, car les projets sont biens ficelés et bénéficient de l’appui d’ingénieurs-conseils. Ils comprennent la formation des comités villageois à l’exploitation, la tarification et la maintenance.

Un rôle pour HSF : par contre, en visitant des villages qui sont extérieurs à l’emprise des systèmes régionaux en cours de construction, nous avons été frappés par l’état de délabrement des équipements anciens et par le manque de moyens et de technicité des comités villageois et des agents municipaux chargés de la maintenance. La ressource en eau souterraine serait suffisante, mais les  forages équipés sont sous-dimensionnés et beaucoup de forages nouveaux n’ont pas été équipés. L’administration centrale qui promeut des projets de haute technicité, manque de moyens pour encadrer les petites opérations technico-sociales d’amélioration des systèmes existants, et hésite à confier des fonds à une administration locale peu formée.

C’est dans ces villages où les enfants poussent des brouettes de jerricanes et où les femmes portent sur la tête des cruches d’eau de plus ou moins bonne qualité prélevée dans une rivière ou une source à 5 km, que nous pouvons avoir une action efficace en apportant des compétences et l’argent nécessaire à l’achat de quelques équipements de base.
Les comités villageois sont impatients d’avoir un rôle actif. Les habitants souhaitent bénéficier d’un travail qui peut être payé par l’administration. Et le personnel municipal est demandeur d’une formation pratique qui lui permettra de veiller à la permanence du service et de prendre en charge d’autres opérations similaires.

Nous allons donc maintenant travailler avec l’association RENAPAS (RENcontre Avec les Populations d’Afrique du Sud) pour susciter des partenariats entre collectivités locales de l’Isère et la Province du Nord d’Afrique du Sud, avec le soutien de la Région Rhône Alpes et des cofinancements à solliciter auprès de la Coopération Française et Européenne.

Dominique NORMAND