Participants
Le domaine de cette mission était prioritairement celui de l’eau,
tant sous son aspect « adduction » que sous l’aspect «
assainissement ».
Les participants furent les suivants :
Seniors :
André Lefeuvre, ingénieur expert eau potable et assainissement
;
Michel Chartier, ingénieur génie civil.
Jeunes Ingénieurs : Sergio Vallejo, génie civil ;
Nathalie Modoux, géologie et hydrogéologie.
Déroulement de la mission et zones visitées
Sergio, qui connaissait le pays et la langue, est arrivé quelque
temps auparavant afin d’organiser la mission et de prendre des rendez-vous
avant l’arrivée de toute l’équipe.
Nous distinguerons trois phases :
- environ une semaine consacrée à des contacts préliminaires
et à la visite de la vallée de l’Aguan (voir carte, zone
A), totalement dévastée par le fleuve transformé en
véritable torrent ;
- une longue période d’environ 15 jours dans la région
de Choluteca, grosse ville située sur le golfe de Fonseca, côté
Pacifique (zone B). Cette région, grande plaine côtière
agricole type Camargue, a été en grande partie noyée
sous un à deux mètres d’eau suite aux débordements
des Rios Choluteca, Grande et Guascoran ;
- enfin, une période de quelques jours pour visiter un projet
dans la région de la capitale Tegucigalpa (zone C), rencontrer certaines
ONG qui travaillent dans les mêmes domaines que nous et… mettre à
jour nos notes.
Les dégâts résultant du
Cyclone Mitch
Les médias en Europe se sont largement fait l’écho des
dégâts occasionnés par Mitch, et qui sont encore visibles
:
- dans la vallée de l’Aguan, notamment en bord de mer, des fleuves
ont changé de lit, balayé des villages, détruisant
par érosion les parties de villages épargnées ;
les localités voisines ont été inondées
à la suite de la destruction de multiples digues ;
de multiples ponts, ouvrages d’art, routes ont été
complètement détruits ;
de nombreuses plantations de palmiers à huile, bananiers,
ananas… ont été totalement ravagées et sont en cours
de restauration ;
de très nombreuses habitations en «torchis»,
même parfois en agglomérés de ciment ont été
rendues irrémédiablement inutilisables et doivent être
détruites ;
il est à noter qu’aujourd’hui, au moment où nous
écrivons ces lignes des inondations très importantes sont
encore en cours…
Les opérations de reconstruction en
cours
La reconstruction du Pays a commencé ; les principales voies
de communication ont été rétablies, bien que de nombreuses
déviations soient encore en service et que des ponts provisoires
existent sur un certain nombre d’axes prioritaires...
- mais les quelques ouvrages importants en cours de « reconstruction
», le sont de façon… déplorable. En effet, pratiquement
toutes les ruines d’ouvrages proviennent d’effondrement des piles par suite
d’affouillements, et l’on reconstruit de la même façon, sans
fondations spéciales, en ne tenant aucun compte de l’expérience.
La suite est facilement envisageable en cas de crues importantes.
- la plupart des « Colonias » que nous avons vues
sont des entassements de maisons en agglomérés de ciment,
où les habitants, vont se retrouver, regroupés, loin de leur
environnement d’origine et sans doute sans travail à proximité.
Cela s’explique par une spéculation éhontée sur les
prix des terrains (parfois multipliés par dix….). Que dire aussi
de la responsabilité des bailleurs de fonds pour ces reconstructions,
dont les réalisateurs semblent ignorer les lois élémentaires
de l’urbanisme ?
Nous avons pris connaissance d’un certain nombre de projets de construction
de nouveaux réseaux, bien conçus, pour lesquels nous proposons
la participation de l'AESN (Projets «colonia Satellite», «Gracias
a Dios» à El Triunfo, et Pespire).
Les pouvoirs « financiers »
Les acteurs prépondérants dans la vie économique
du pays sont les grands propriétaires des terres agricoles. Ce sont
soit des multinationales ( Chiquita, United Fruits, Greece…) soit
des grands propriétaires privés honduriens.
Ces entreprises possédant la majeure partie du pays, ne semblent
fonctionner que pour leur seul intérêt et agissent apparemment
sans aucun contrôle de la part de l’Administration, notamment dans
les domaines de l’environnement.
Par ailleurs ce qui nous a quelque peu surpris est l’absence de l’Etat
et de ses Administrations, laissant ainsi la place libre pour l’intervention
de «pouvoirs» divers, dont la somme des intérêts
particuliers ne correspond pas nécessairement à l’intérêt
général du pays qui semble alors quelque peu oublié.
Projets détectés ou étudiés
Dans la vallée de l’Aguan, nous avons décelé,
au travers de contacts rapides avec les maires de 3 villes moyennes, un
certain nombre de problèmes relatifs à la distribution de
l’eau, à son approvisionnement à partir de sources ou de
puits. Enfin nous avons constaté dans certains cas l’inexistence
des réseaux d’assainissement.
En tout état de cause, aucun projet ne résulte de ces visites, car cela nécessitait de passer deux à trois jours sur place pour avoir une vision correcte de la situation, et notre programme ne nous le permettait pas. Nous envisageons d’y retourner lors de la réalisation des travaux dans le département de Choluteca, objet de notre prochaine mission.
A proximité de la capitale, nous proposerons à l’AESN, un projet d’adduction d’eau pour la communauté de San Matias qui se situe à environ 50 km de Tegucigalpa.
A proximité de Choluteca, nos visites dans les «municipios» nous ont permis de rencontrer les maires qui très souvent nous recevaient en Mairie, accompagnés d’une bonne partie du Conseil municipal comprenant les instituteurs, le responsable du Comité de l’eau et ses techniciens, le ou les responsables des services de santé, les représentants du « Patronato » (notables élus d’un quartier ou d’un village), et divers autres élus. Ces visites, ont été trop courtes pour étudier en détail les éventuels projets détectés ; cependant, lorsqu’il s’agit de projets d’importance, l’accord de l’AESN devra être obtenu avant de nous engager plus avant.
Surtout, nous avons, en liaison avec le Comité des Droits de
l’Homme et avec Caritas, visité un certain nombre de sites, constitués
de petits villages, pour lesquels 5 projets précis ont été
étudiés.
Pour réaliser ces projets, nous comptons établir notre
«base» à Choluteca et bénéficier ainsi
de l’appui local constitué par Caritas et le Comité de Défense
des Droits de l’Homme.
Souhaits et propositions de l’équipe
HSF
Nous noterons tout d’abord que certains projets résultent directement
des conséquences de Mitch. D’autres, simples projets de développement
de villes ou de villages, ne résultent pas de Mitch. Il est cependant
évident que la majeure partie des crédits d’Etat étant
affectée à la reconstruction du pays, ces dépenses
exceptionnelles ne font que retarder la réalisation de projets légitimes
correspondant à des besoins élémentaires (eau potable,
assainissement).
Nous pensons donc, sur cette problématique précise, qu’il
n’y a pas de différence à faire entre les types de projets,
mais qu’il convient avant tout de regarder la volonté et la «motivation»
des demandeurs. Tout ne pouvant se résoudre en même temps,
un calendrier devra être établi, ne serait-ce que pour la
mise au point technique des projets et pour s’assurer d’une bonne coordination
entre les diverses ONG et bailleurs de fonds éventuels.
Ces projets ont été chiffrés et font l’objet d’une
proposition à l’AESN. Le programme de réalisation devrait
s’étaler sur environ 3 mois, de mars à mai 2000. Nous estimons
nécessaire la présence d’une équipe HSF, durant ce
temps au Honduras. Le recrutement est en cours, avis aux jeunes et
moins jeunes.
Conclusion
Lorsque nous faisons un bilan de cette mission exploratoire, les éléments
forts suivants peuvent être dégagés :
richesse des contacts établis avec l’ensemble des personnes
rencontrées ;
attente évidente, pour l’ensemble des villes et villages
contactés, d’une coopération avec l’AESN via HSF.
De ces éléments, il résulte que notre équipe,
fortement sollicitée tout au long de ces visites se doit de répondre
positivement aux demandes exprimées.
En conclusion, l’équipe HSF souhaiterait établir des relations constructives de coopération, à moyen et long terme, avec les acteurs rencontrés. Nous souhaitons donc être suivis par l’AESN et éventuellement par d’autres partenaires à trouver (Caritas, CODEH, ALA 86.20, CDH, voire Région Rhône-Alpes ou autres ).