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Mission pour la reconstruction du Honduras

Buts  de la mission
A la suite de l’ouragan « Mitch »,qui a dévasté l’Amérique Centrale au cours du mois d’octobre 1998, l’Agence de l’Eau Seine Normandie (AESN) a proposé à HSF de participer à des actions de reconstruction et d’aide dans ces pays durement éprouvés par ce cataclysme.
Pour des raisons internes à notre ONG : connaissance du pays lors d’une mission déjà effectuée au Honduras, connaissance de personnalités honduriennes et enfin participation d’un jeune ingénieur hondurien à notre ONG…, nous avons choisi ce pays qui a été parmi les plus touchés par Mitch.
Il était aussi convenu avec l’AESN que ces aides concerneraient prioritairement des villes et villages à la fois touchés par Mitch et par ailleurs quelque peu « oubliés »  par les Administrations et ONG multiples agissant sur le terrain. Nous avons de plus, recherché et privilégié des actions de réparation et de développement à moyen et long terme.

Participants
Le domaine de cette mission était prioritairement celui de l’eau, tant sous son aspect « adduction » que sous l’aspect « assainissement ».

Les participants furent les suivants :
Seniors :
André Lefeuvre, ingénieur expert eau potable et assainissement ;
Michel Chartier, ingénieur génie civil.
Jeunes Ingénieurs : Sergio Vallejo, génie civil ;
Nathalie Modoux, géologie et hydrogéologie.

Déroulement de la mission et zones visitées
Sergio, qui connaissait le pays et la langue, est arrivé quelque temps auparavant afin d’organiser la mission et de prendre des rendez-vous avant l’arrivée de toute l’équipe.

Nous distinguerons trois phases :
- environ une semaine consacrée à des contacts préliminaires et à la visite de la vallée de l’Aguan (voir carte, zone A), totalement dévastée par le fleuve transformé en véritable torrent ;
- une longue période d’environ 15 jours dans la région de Choluteca, grosse ville située sur le golfe de Fonseca, côté Pacifique (zone B). Cette région, grande plaine côtière agricole  type Camargue, a été en grande partie noyée sous un à deux mètres d’eau suite aux débordements des Rios Choluteca, Grande et Guascoran ;
- enfin, une période de quelques jours pour visiter un projet dans la région de la capitale Tegucigalpa (zone C), rencontrer certaines ONG qui travaillent dans les mêmes domaines que nous et… mettre à jour nos notes.

Les dégâts résultant du Cyclone Mitch
Les médias en Europe se sont largement fait l’écho des dégâts occasionnés par Mitch, et qui sont encore visibles :
- dans la vallée de l’Aguan, notamment en bord de mer, des fleuves ont changé de lit, balayé des villages, détruisant par érosion les parties de villages épargnées ;
 les localités voisines ont été inondées à la suite de la destruction de multiples digues ;
 de multiples ponts, ouvrages d’art, routes ont été complètement détruits ;
 de nombreuses plantations de palmiers à huile, bananiers, ananas… ont été totalement ravagées et sont en cours de restauration ;
 de très nombreuses habitations en «torchis», même parfois en agglomérés de ciment ont été rendues irrémédiablement inutilisables et doivent être détruites ;
 il est à noter qu’aujourd’hui, au moment où nous écrivons ces lignes des inondations très importantes sont encore en cours…

Les opérations de reconstruction en cours
La reconstruction du Pays a commencé ; les principales voies de communication ont été rétablies, bien que de nombreuses déviations soient encore en service et que des ponts provisoires existent sur un certain nombre d’axes prioritaires...
- mais les quelques ouvrages importants en cours de « reconstruction », le sont de façon… déplorable. En effet, pratiquement toutes les ruines d’ouvrages proviennent d’effondrement des piles par suite d’affouillements, et l’on reconstruit de la même façon, sans fondations spéciales, en ne tenant aucun compte de l’expérience. La suite est facilement envisageable en cas de crues importantes.
- la  plupart des « Colonias » que nous avons vues sont des entassements de maisons en agglomérés de ciment, où les habitants, vont se retrouver, regroupés, loin de leur environnement d’origine et sans doute sans travail à proximité. Cela s’explique par une spéculation éhontée sur les  prix des terrains (parfois multipliés par dix….). Que dire aussi de la responsabilité des bailleurs de fonds pour ces reconstructions, dont les réalisateurs semblent ignorer les lois élémentaires de l’urbanisme  ?

Nous avons pris connaissance d’un certain nombre de projets de construction de nouveaux réseaux, bien conçus, pour lesquels nous proposons la participation de l'AESN (Projets «colonia Satellite», «Gracias a Dios» à El Triunfo, et Pespire).

Les pouvoirs « financiers »
Les acteurs prépondérants dans la vie économique du pays sont les grands propriétaires des terres agricoles. Ce sont soit des multinationales  ( Chiquita, United Fruits, Greece…) soit des grands propriétaires privés honduriens.
Ces entreprises possédant la majeure partie du pays, ne semblent fonctionner que pour leur seul intérêt et agissent apparemment sans aucun contrôle de la part de l’Administration, notamment dans les domaines de l’environnement.
Par ailleurs ce qui nous a quelque peu surpris est l’absence de l’Etat et de ses Administrations, laissant ainsi la place libre pour l’intervention de «pouvoirs» divers, dont la somme des intérêts particuliers ne correspond pas nécessairement à l’intérêt général du pays qui semble alors quelque peu oublié.
Projets détectés ou étudiés
Dans la vallée de l’Aguan, nous avons décelé, au travers de contacts rapides avec les maires de 3 villes moyennes, un certain nombre de problèmes relatifs à la distribution de l’eau, à son approvisionnement à partir de sources ou de puits. Enfin nous avons constaté dans certains cas l’inexistence des réseaux d’assainissement.

En tout état de cause, aucun projet ne résulte de ces visites, car cela nécessitait de passer deux à trois jours sur place pour avoir une vision correcte de la situation, et notre programme ne nous le permettait pas. Nous envisageons d’y retourner lors de la réalisation des travaux dans le département de Choluteca, objet de notre prochaine mission.

A proximité de la capitale, nous proposerons à l’AESN, un projet d’adduction d’eau pour la communauté de San Matias qui se situe à environ 50 km de Tegucigalpa.

A proximité de Choluteca, nos visites dans les «municipios» nous ont permis de rencontrer les maires qui très souvent nous recevaient en Mairie, accompagnés d’une bonne partie du Conseil municipal comprenant les instituteurs, le responsable du Comité de l’eau et ses techniciens, le ou les responsables des services de santé, les représentants du « Patronato » (notables élus d’un quartier ou d’un village), et divers autres élus. Ces visites, ont été trop courtes pour étudier en détail les éventuels projets détectés ; cependant, lorsqu’il s’agit de projets d’importance, l’accord de l’AESN devra être obtenu avant de nous engager plus avant.

Surtout, nous avons, en liaison avec le Comité des Droits de l’Homme et avec Caritas, visité un certain nombre de sites, constitués de petits villages, pour lesquels 5 projets précis ont été étudiés.
Pour réaliser ces projets, nous comptons établir notre «base» à Choluteca et bénéficier ainsi de l’appui local constitué par Caritas et le Comité de Défense des Droits de l’Homme.

Souhaits et propositions de l’équipe HSF
Nous noterons tout d’abord que certains projets résultent directement des conséquences de Mitch. D’autres, simples projets de développement de villes ou de villages, ne résultent pas de Mitch. Il est cependant évident que la majeure partie des crédits d’Etat étant affectée à la reconstruction du pays, ces dépenses exceptionnelles ne font que retarder la réalisation de projets légitimes correspondant à des besoins élémentaires (eau potable, assainissement).
Nous pensons donc, sur cette problématique précise, qu’il n’y a pas de différence à faire entre les types de projets, mais qu’il convient avant tout de regarder la volonté et la «motivation» des demandeurs. Tout ne pouvant se résoudre en même temps, un calendrier devra être établi, ne serait-ce que pour la mise au point technique des projets et pour s’assurer d’une bonne coordination entre les diverses ONG et bailleurs de fonds éventuels.
Ces projets ont été chiffrés et font l’objet d’une proposition à l’AESN. Le programme de réalisation devrait s’étaler sur environ 3 mois, de mars à mai 2000. Nous estimons nécessaire la présence d’une équipe HSF, durant ce temps au Honduras. Le  recrutement est en cours, avis aux jeunes et moins jeunes.

Conclusion
Lorsque nous faisons un bilan de cette mission exploratoire, les éléments forts suivants peuvent être dégagés :
 richesse des contacts établis avec l’ensemble des personnes rencontrées ;
 attente évidente, pour l’ensemble des villes et villages contactés, d’une coopération avec l’AESN via HSF.
De ces éléments, il résulte que notre équipe, fortement sollicitée tout au long de ces visites se doit de répondre positivement aux demandes exprimées.

En conclusion, l’équipe HSF souhaiterait établir des relations constructives de coopération, à moyen  et long terme, avec les acteurs rencontrés. Nous souhaitons donc être suivis par l’AESN et éventuellement par d’autres partenaires à trouver (Caritas, CODEH, ALA 86.20, CDH, voire Région Rhône-Alpes ou autres ).

L’Equipe d’HSF : Nathalie, Sergio, André et Michel