Mais l’engagement dans une O.N.G. suppose une
prise de position humanitaire qui ne se limite pas à régler
des problèmes techniques. Oui à « l’indépendance
» à l’égard des formations partisanes constituées,
non au refus du « politique » dans l’acception fondamentale
du terme, à savoir la conscience du rôle de l’Homme
dans la « polis », la cité avec sa valeur la plus large.
Oui à la « tolérance », au « désintéressement
», non à l’absence de « jugement sociétal
ou conjoncturel. »
Édifier un barrage pour améliorer
l’existence des populations suppose bien, en corollaire, vouloir que ce
travail serve les plus démunis, refuser la main-mise des privilégiés
; on voit ainsi qu’il n’y a pas de solution de continuité entre
le rôle technique et le rôle moral. Certes, cela suppose le
respect des différences et, plus loin même, nous avons souvent
à apprendre de la part des autres civilisations.
H.S.F.
ne se fait pas le relais d’une forme d’impérialisme occidental post-colonisateur.
Toutefois, l’honneur de l’humanité est bien, selon nous, d’accéder
au fil de son histoire à une éthique commune, fondée
sur des valeurs universelles ; éthique qui n’agit pas comme un «
rouleau compresseur », instrument de nivellement, mais propose
au contraire une ascension, permettant à chacun d’accéder
au maximum de dignité. Il y a ici des choix à faire ; rappelons
la dérive perverse du « tout se vaut » dénoncée
par Alain Finkielkraut dans La défaite de la pensée.
Par ailleurs, le fonctionnement d’H.S.F. dans son souci d’associer un jeune et un senior se réclame clairement d’une volonté pédagogique : il n’est donc pas inutile, même si les anciens ont une conscience claire de leurs options, et encore !, de conduire les nouvelles promotions à réfléchir sur le rôle d’un ingénieur, d’un technicien dans le monde qu’ils vont construire et où les hommes sont aussi importants que les canalisations.