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Les efforts pour la maîtrise de l’eau de la Chine d’aujourd’hui

1 Le problème des digues

Après les longues années de guerre de l’invasion japonaise, et de guerre civile, ce n’est qu’à partir de 1950 que la Chine entière s’est remise à l’ouvrage, pour consolider et rehausser des dizaines de milliers de kilomètres de digues existantes, et en édifier de nouvelles.

Dans l’immense et riche plaine alluviale du Yang-Tze de 126 000 km2, à l’aval des 3 Gorges, la protection contre les crues est de plus en plus vitale. En effet, cette plaine est un véritable grenier à riz, une zone très industrialisée et un important carrefour de communication. C’est là que se situent les cités de Wuhan, Nanjing, et Shanghai. Une bonne partie de cette plaine est à plusieurs mètres, voire une dizaine de mètres, sous le niveau atteint par le Yang-Tze lors des crues.

Ainsi, en 1985, quelques 80 millions de personnes vivaient sur une surface de 60 000 km2 de rizières et autres cultures, sous la protection de plus de 30 000 km de digues, dont 3 600 km sur le Yang-Tze même. Entre 1940 et 1950, de larges zones restaient en friche, abandonnées aux flots à chaque crue, mais depuis cette date, sous la pression démographique, paysans et industriels ont peu à peu grignoté ces zones tampons le long du fleuve et de ses affluents. Il en est de même des rives des grands lacs servant de réservoirs de régulation, comme celui de Dong-Ting. Les grandes superficies jadis inondables ont ainsi été transformées en zones industrielles et champs de culture plus ou moins bien protégés par de petites digues secondaires.

Mais entre temps, l’érosion des bassins versants a accéléré la sédimentation qui a surélevé les fonds des lits des fleuves comme celui des lacs de plusieurs mètres au-dessus de la plaine environnante. Et il semble qu’aucune politique de dragage systématique n’ait été mise en oeuvre.

Depuis 1985, ce sont donc quelques millions de personnes supplémentairesqui sont menacées par les caprices du Yang-Tze. Dans le bassin du Fleuve Jaune, la situation est probablement encore plus critique, compte-tenu des énormes charriages de ce fleuve. : 300 kg/m3 de transports solides lors des crues, soit 10 fois plus que ceux du Yang-Tze.

La protection assurée par des digues, même rehaussées et consolidées, n’est donc qu’une solution d’urgence et provisoire.

2 Les barrages

C’est dans ce domaine que l’efficacité des pouvoirs publics est la plus évidente. Entre 1950 et 1985, quelques 83 000 barrages ont déjà été construits en Chine, dont 2 700 de plus de 30 m de hauteur, et 18 000 de plus de 15 m de hauteur. Ils ont une capacité totale de stockage supérieure à 430 milliards de m3, dont 360 grands réservoirs (de capacité supérieure à 100 millions de m3) totalisent à eux seuls 300 milliards de m3.

Les surfaces irriguées ont aussi triplé (de 160 000 à 500 000 km2), et la production de puissance électrique est passée de 360 à 27 000 MW.

Depuis, nombre de barrages se sont succédés, portant la capacité de stockage à plus de 500 milliards de m3, et les puissances équipées à quelques 40 000 MW.

Il n’est pas possible de citer les nombreux ouvrages réalisés depuis 1985, soit par exemple une dizaine de barrages de plus de 150 m de haut, avec des puissances de 500 à 3000 MW.

Signalons néanmoins :
 
La grande et belle voûte à double courbure,de Ertan où bureaux d’étude et entreprises françaises ont travaillé, qui a été mise en eau en avril 98.

-Le grand barrage de Xiao Lang Di sur le Fleuve Jaune, de 152 m de hauteur, avec 13 milliards de m3 de capacité, 1560 MW et 6 TWh, qui a démarré fin octobre 97 par la dérivation du fleuve, pour être en service en 2001. Il devrait protéger des crues les 120 millions de personnes vivant le long des 800 km du cours inférieur jusqu’à la mer.

-Le grand barrage des Trois Gorges sur le Yang-TZE, de 165 m de haut, avec 40 milliards de m3 de capacité, 13 000 MW, et 68 TWh, qui a démarré à son tour début novembre 97 par la dérivation du fleuve, et devra être terminé en l’an 2009. Il devrait protéger toute la riche vallée à l’aval, jusqu’à Shang Hai.

Face à un tel bilan, on serait tenté de croire que les ingénieurs hydrauliciens chinois n’ont pas besoin d’aide extérieure. Pourtant, les échanges et confrontations techniques entre occidentaux et chinois ont permis de mettre en commun expériences et progrès.

Cela s’est concrétisé par la participation des bureaux d’étude et entreprises étrangères dans les travaux des derniers grands aménagements (Wu Qiang Xi, Ertan, et actuellement Xiao Lang Di et les Trois Gorges).

Et nous sommes quelques uns à avoir mené des études d’expertise de grands projets, à EDF, Neyrpic, puis HSF, avec l’aide de notre ami Wang San Yi (en particulier les grands barrages voûtes de Long Tan, Laxiwa, Lijiiaxia, San Ban Xi, Xiao Wan, etc...).

C’est pourquoi, ayant la confiance de plusieurs Design Institutes (Chang Sha, Kun Ming, Xian) et Universités (Beijing, Cheng Du, Wuhan), nous pensons pouvoir avancer quelques propositions pour essayer d’améliorer la protection contre les inondations et contribuer à une meilleure maîtrise de l’eau en Chine.

BW