"...Le dossier technique, très bien préparé, nous a permis de connaitre les quantités de matériaux à acheter à la ville d'Arusha avant notre "parachutage" sur le site inconnu... Avant de partir, la rencontre avec M Plisson a été très utile car elle nous a ouvert les yeux sur l'importance du dimensionnement des canalisations. De même, ceux qui se sentent un peu à court dans le domaine des bétons ne doivent pas hésiter à me contacter avant de partir en mission.
Pour la Tanzanie, aucun des participants n'était vraiment préparé, mais je pensais qu'ayant vécu deux ans au Cameroun, et trois ans en Afrique du Sud, je serais capable de m'adapter et d'aider les juniors dans leurs contacts. Cela n'a pas été nécessaire, les Pères de France avaint tout préparé pour tout faciliter et pour que les travaux puissent commencer rapidement. Ils se sont occupés des contacts avec les villages voisins et les populations locales de pasteurs nomades, ce qui a permis d'avoir des rencontres ouvertes et diplomatiques avec les populations en général. La graine était semée et dans la région, tous s'organisent et découvrent que dans ce les Pères ont amorcé, il y a une possibilité d'amélioration de la vie. Les femmes, responsables du transport de l'eau, ont pris en main le sujet "l'eau au village".
Je tiens à préciser que la manière dont on est reçu, ainsi que la façon dont la venue de la mission est préparée sur place sont des facteurs déterminants qui permettront à la mission d'être opérationnelle. Ce point est à souligner au départ, pour ceux qui vont "débarquer" pour la première fois en pays étranger, et seront au contact de civilisations différentes de la nôtre. Il y a des impairs à ne pas commettre, et ceux qui ont demandé la mission (association de ressortissants, collectivités locales...) doivent servir d'intermédiaires, et être présents pendant toute la mission. Personnellement, je dirais à ceux qui partent : ne touchez pas à tel arbre sans être sûr que ce n'est pas un arbre sacré ou un arbre à palabres ou à cérémonies. Si vous touchez à l'eau, pensez qu'elle est peut-être sacrée pour telle tribu de nomades.Provoquez des palabres si nécessaire, et acceptez les cérémonies d'usage, cela peut vous donner l'appui des anciens, toujours respectés... Evidemment, cela demandera un démarrage un peu lent qu'il faut prendre avec le sourire, mais grâce à cela, le travail peut avancer très vite!
Le tandem senior-junior a très bien fonctionné sur place car le "briefing" était très fréquent. Le travail était expliqué et compris avant d'être commencé, ce qui permettait de répartir les tâches et de présenter à nos interlocuteurs une équipe unie et amicale. Pour éviter toute erreur, les responsabilités étaient basées sur les compétences de chacun avant d'arriver sur les chantiers. Et dans notre cas, si la confiance et la compréhension ne s'étaient pas faites entre les participants, la main-d'oeuvre locale nous aurait abandonnés en plein milieu des travaux, quand il fallait mélanger le béton sans bétonnière! Une équipe qui ne s'entend pas sur place est vouée à l'échec. Et les décisions de composition des équipes doivent être en accord avec le responsable des lieux ou le Chef du village.
Pour le senior, ce fut une reprise de contact avec l'Afrique profonde et pour les juniors, la découverte d'une civilisation différente de la leur. Et ce fut aussi l'occasion pour tous de ramener nos connaissances à des notions simples pour pouvoir être pratiques.
Une telle mission permet au junior de se confronter à la réalité. Pour répondre à une question, il n'a que son bon sens et le savoir qu'il a acquis (il y a parfois bien longtemps) à l'école. Il doit bien sûr tenir compte des problèmes de sécurité des paysans, qui, avec leur naïveté, nous font confiance et exécutent les ordres. Il faut donc toujours être vigilant et se sentir responsable. Il est donc impératif de ne jamais envoyer un junior seul. Chaque fois que cela est possible, le binôme junior-senior est la solution qui garantit au maximum le succès de la mission.