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Editorial

INVESTIR DANS l'EDUCATION

Les choix d'HSF

HSF bénéficie officiellement d'un poste permanent de Jeune Ingénieur pour le Développement, "emploi-Jeune Aubry". Quynh Anh Pham Ngoc, géotechnicienne et ingénieur génie civil -qui a fait ses preuves au cours de deux récentes missions au golfe de Fonseca et à Tambolo et participé activement aux études de faisabilité de ce dernier aménagement- est la première "chargée de mission".

Cette première embauche va augmenter notre efficacité au quotidien et faciliter une participation plus continue et plus systématique des Jeunes à nos actions.

La formation... pour favoriser l'autonomie professionnelle

Mais certains s'inquiètent déjà :"Vous embauchez des jeunes bardés de diplômes... Après un à deux ans de formation et d'expériences complémentaires sur le terrain, ne vont-ils pas vous quitter pour des emplois plus rémunérateurs en entreprises? Et tout sera à recommencer..."

Cette perspective nous chagrine d'autant moins qu'elle fait partie de nos objectifs : "aider les jeunes à acquérir progressivement leur autonomie professionnelle et à voler de leurs propres ailes", n'est-ce pas la meilleure récompense de tous les éducateurs ?

C'est aussi notre contribution au "service public" que l'Education Nationale a pour mission d'assurer, en participant à l'interface d'une vraie coopération "Université-Industrie" grâce aux nombreuses relations que nous avons aussi bien dans les Facultés et les Ecoles d'Ingénieurs que dans les Bureaux d'Etudes et les entreprises. En tous cas, l'investissement éducatif d'HSF ne fait qu'augmenter au fil des ans : cours et travaux dirigés, "projets "Entreprendre" (en 1è année) ou de fin d'études, soutien aux projets hydrauliques d'ISF (Ingénieurs sans Frontières), etc...

Mais quels que soient les efforts éducatifs pour mieux préparer les Jeunes à leur insertion professionnelle et aux réalités de la vie moderne, le chômage de cette catégorie restera toujours aussi massif tant que les entreprises ne feront pas un effort minimal pour participer à leur formation permanente. Certes, on ne peut exiger de ces dernières le même désintéressement que de la part de l'Education nationale ou d'Associations. Cependant le "chacun pour soi", la recherche d'intérêts immédiats et de rentabilité à court terme ne peuvent tenir lieu de politique économique ; la crise des "dragons asiatiques" que les ultra-libéraux prenaient encore récemment pour modèles l'illustre de façon dramatique.

C'est pourquoi il est dans l'intérêt à long terme des entreprises elles-mêmes et de la société entière que toutes les bonnes volontés s'unissent. Que les Jeunes en recherche de leur premier emploi n'entendent plus ressasser l'éternelle rengaine : "On n'embauche que des candidats ayant déjà une bonne expérience professionnelle !"... aux autres, d'essuyer les plâtres !

En attendant que changent les mentalités dans notre monde industriel, nous pouvons au moins constater que les Jeunes qui ont l'opportunité de participer aux projets HSF et de faire équipe avec un senior augmentent nettement leurs chances d'embauche. Esprit d'initiative, sens des responsabilités sont des qualités qu'ils peuvent largement développer dans les projets du Tiers-monde.

La formation... pour une ouverture sur le monde

Mais le travail de HSF serait incomplet si nous nous limitions au seul transfert de notre expérience technique. Notre Association est surtout riche de son expérience humaine et de son réseau d'amitiés et de solidarité. Les projets donnent une large ouverture sur le monde : l'étude du partage de l'eau au Moyen Orient révèle l'injustice de la situation actuelle. Celle d'un barrage dans l'Altiplano bolivien, la misère mais aussi le courage des Indiens ; les drames dûs aux cyclones et aux inondations au Bangladesh font découvrir aussi l'incurie et la corruption des pouvoirs publics. L'imagination créatrice est sollicitée pour ébaucher des solutions opérationnelles.

Un autre volet d'HSF est l'investissement dans l'éducation des jeunes ingénieurs et techniciens de nos partenaires du tiers-monde, même si les problèmes politiques posés sont plus difficiles.

En Chine, comme tous les experts qui y ont travaillé, nous avons été frappés par la soif d'apprendre et d'échanger des jeunes ingénieurs, leur participation active aux études et discussions sur les projets qu'ils étudiaient, leur souci de se former lors de conférences-débats.

Au Vietnam, des missions pour des cours dans les Universités d'Hydraulique n'ont pu se réaliser faute de financement

En Afrique, les demandes de bourses d'études ou de stages en France sont nombreuses... mais à choisir, pour un même budget, nous privilégions une formation dans le pays lui-même, beaucoup plus efficace : il vaut mieux former 10 à 20 jeunes ingénieurs ou techniciens sur un chantier en cours plutôt que d'en envoyer un seul dans une école française. Ainsi, au Maroc, nous avions proposé à Migrations et Développement de former des Jeunes capables d'être des interlocuteurs techniques pour les projets de petits barrages. Au Burkina Faso, à Tambolo, nous espérons que les travaux du barrage serviront de chantier-école pour de jeunes ingénieurs et techniciens et pour les villageois de la région de Pô.

Tout au long de ce compagnonnage, et sur plusieurs années, chacun pourra expérimenter sur le terrain la richesse et l'efficacité d'un véritable échange intergénérations à égalité, dépassant les habitudes et relations d'une éducation classique de l'enseignant aux enseignés, du maître aux disciples, de celui qui sait à ceux qui ont tout à apprendre.

C'est avec un regard fraternel que Jeunes et Anciens ont à redécouvrir ensemble que toutes les personnes ont les mêmes droits à la dignité et les mêmes devoirs de solidarité, quels que soient leur sexe, leur race et leur culture, mais avec priorité pour les plus pauvres.

Cela doit nous amener naturellement à lutter au quotidien contre toutes les formes d'injustice et d'inégalité pour que soient libérés de la misère et de l'oppression tous ceux que nous pouvons rencontrer sur notre route. Au Sahel, pour la prochaine décennie, les projets hydrauliques viseraient à mettre à la disposition des populations de 10 à 20 l d'eau plus ou moins potable par personne et par jour alors qu'en France, nous pouvons consommer jusqu'à 200 l/jour (et aux USA, jusqu'à 500-600 l/pers/jour)

C'est à cette "mondialisation" qu'en tant que citoyen nous avons à travailler.

Brice WONG