Il n'y a jamais de problèmes en Mauritanie, alors patience!...
Il est bon de se repencher sur sa mission plusieurs semaines après le retour en France. Tout paraît si simple alors que pas grand chose ne l'était sur le terrain. Après coup, je souris en pensant à certaines de mes réactions et de mes émotions et cela me donne envie de vous raconter les grandes lignes de mon séjour dont la mission était d'effectuer un forage d'eau potable en collaboration avec Lémine, directeur du bureau d'études mauritanien PHY.
Tout a commencé, un beau jour du mois d'octobre, lors de notre arrivée à Ouadane, oasis en plein désert mauritanien, où Florence et moi devons séjourner. Le voyage s'est bien passé. Sur deux jours, nous avons pu admirer les paysages tantôt dunaires, tantôt canyoniques de l'Adrar. L'accueil est plus que chaleureux et nous sommes très vite intégrées à la population. Florence avance petit à petit son projet en prenant de nombreux contacts et mon projet ne devait pas tarder à commencer puisque le foreuse était en route... Les jours passent, lundi, mardi, mercredi,... mais toujours pas de foreuse. Qu'importe, le contact avec la population est des plus enrichissants! J'apprends leur façon de vivre et de penser, leurs coutumes et leur langue. Ils suscitent mon intérêt autant que moi, le leur. Jeudi , vendredi, samedi... En communiquant par radio, nous apprenons que la foreuse est en panne mais qu'une seconde est en route. Alors patience! Il n'y a pas de problèmes!, même si la culpabilité vient me titiller. Après tout "je ne suis pas payée pour prendre des vacances...". Alors je m'intéresse de plus près au projet de Florence. Dimanche, lundi, mardi, mercredi,... la foreuse n'est toujours pas là! Comble de malchance la deuxième foreuse est, elle aussi, tombée en panne et doit être réparée à Nouakchott.
...Quel soulagement ce fut de voir enfin partir la foreuse au bout de dix-huit jours! Le voyage est long, mais dans deux jours, elle sera à Ouadane, pensais--je. Enfin, cela aurait été le cas, si le directeur de l'entreprise de forage n'avait pas décidé, sans nous demander notre avis, bien évidemment, de s'arrêter à Atar pour effectuer un autre forage, pour un autre client. Quelle déception! Je suis même furieuse! Mais, après tout, en y réfléchissant, il doit forer quarante mètres dans une roche tendre, en trois jours, il aura terminé. Donc patience! Mais c'était sans compter sur le manque d'organisation de cette équipe qui était partie sans l'emplacement exact de leur forage. Nous prenons donc les choses en main, il nous faudra trois jours de plus pour retrouver l'implantation grâce à la géophysique, sans que ces messieurs daignent bien collaborer...et encore trois jours pour la foration.
Et la foreuse est de nouveau en route pour Ouadane... La foreuse est là. J'exulte, le jour tant attendu est enfin arrivé. Tout va pour le mieux, il n'est plus question de perdre du temps, on travaillera jour et nuit, s'il le faut, mais ce forage sera réalisé... La population commençait elle aussi à se demander si le matériel promis arriverait un jour.
Avec le début de la foration les problèmes reviennent. Au lieu des six mètres de sables prévus, on tombe sur plus de douze mètres. Il nous est alors impossible de continuer à forer avec le matériel en place (rotary à air comprimé) et le matériau nécessaire pour stabiliser les parois du forage (boue bentonitique) est resté à Nouakchott, à plus de 600 kilomètres... Impossible de le faire venir rapidement. On choisit donc une deuxième implantation.
La foration a repris mais, quelques heures plus tard... le chef de chantier réalise qu'il a oublié le poste à souder indispensable pour joindre les tubes de l'avant-trou. Le plus proche se trouvant à Atar (160 km de piste), il nous a fallu deux jours pour le récupérer. Mais patience!
La foration a de nouveau repris. Tout se passe plutôt bien: la vitesse d'avancement est excellente et on retrouve bien les formations géologiques prévues par la géophysique. Il ne manque qu'un détail important: l'eau... Au bout de 80m de foration, le débit est évalué à 2.5 m3/h et l'eau, impropre à la consommation. Rappelons ici que la mission consistait à alimenter un village en eau potable. C'est donc la déroute! Il nous faut renoncer à équiper ce forage et après maintes réflexions (géologie locale, données géophysiques et étude du forage existant), nous choisissons une troisième implantation. Cette fois, nous n'avons pas le droit à l'erreur. Il nous faut trouver de l'eau potable et en assez grande quantité...
Heureusement, nos voeux sont exaucés et même au delà de nos espérances. Nous estimons le débit à 20 m3/h alors que nous en attendions 10 et l'eau est particulièrement douce (750 µS/cm) par rapport au forage précédent. Je ne pourrai pas décrire la joie et l'exaltation que j'ai pu ressentir au moment où a jailli l'eau et durant toute l'augmentation du débit. Plusieurs villageois sont venus la goûter, heureux de voir enfin sortir de terre. Visiblement, cela leur convenait...
Moralité: rien ne sert de courir, tout vient à point pour qui sait prendre son temps. En Mauritanie, il n'y a jamais de problème, tout finit par arriver, quoi qu'il advienne, et finalement le plaisir du travail accompli n'en est que plus intense! En ce qui me concerne, j'ai appris à faire preuve de patience et de diplomatie. Si je devais retourner un jour en Afrique, je pense être aujourd'hui mieux préparée. Ce fut une très belle expérience, des plus enrichissantes aussi bien au niveau professionnel qu'humain et j'en remercie vivement HSF et naturellement aussi Lemine qui, durant tout le temps du forage, m’a fait profiter de sa science..
Mission MAURITANIE : Tachott-Botokholo (8 janvier-3 février 1998) Le site du barrage avait été identifié en avril 1994 au cours d’une mission de Cl. Parsy et F. Percheron. Après une étude géophysique exécutée par PHY (bureau d’études mauritanien) qui a permis de définir la tranche des granites altérés, le projet de forage permettant de mesurer la capacité d’emmagasinement de ces granites avait été abandonné (voir article Journal n°20-Automne). Il avait donc été décidé de ne conserver dans le projet initial que le barrage pour la culture de décrue, et un puits à creuser dans la zone d’épaisseur maximum de granite altéré.
L’objectif de la mission était : levé topographique pour implantation du barrage et de l’évacuateur de crues, et dimensionnement de la retenue implantation et définition d’un puits dans la retenue recueillir les éléments d’hydrologie pour le calcul des crues ; pluviométrie, pente des oueds, bassin versant. La mission s’est déroulée dans de bonnes conditions. L’organisation et l’accueil des villageois ont été parfaits. Après 15 journées de topographie (avec du matériel transporté depuis Chambéry), l’arc du barrage et de l’évacuateur de crues a été implanté et les dimensions de la retenue ont été déterminées :
digue en terre et enrochements longueur : 850 m hauteur maxi : 4,50 m évacuateur de crues implanté sur un seuil en rive droite de la retenue longueur : 140 m hauteur hors sol : 0,80m retenue surface : 53 ha volume : entre 1 000 000 et 1 200 000 m3 retenue normale : 3,50 (référence : cote 0,00 TN au point bas)
Le puits implanté à la cote 2,70 -à 300 m en amont RD de la digue- a été matérialisé sur le terrain avec le puisatier et les représentants de l’Association des villageois. Une margelle de hauteur = 1,70 m est prévue pour sa mise hors d’eau. Ce puits de profondeur 25 m, bétonné sur les huit premiers ml, sera réalisé en mars-avril 98 et pris en charge par l’Association. Le puisatier estime son coût à 300 000 umgouya (10 000 FF).
Enfin, une journée a été consacrée aux relevés pluviométriques à TACHOTT, DAFORT, SOUFFA et SELIBABY et une autre à la reconnaissance du bassin versant avec mesure des pentes au clisimètre et photos. Un puits en cours de creusement (15 m) situé à 800 m en amont de la digue a permis de définir une coupe géologique à partir de prélèvements identifiés à Nouakchott par M. LEMINE Ould Yaya, directeur du bureau PHY.
Les éléments rassemblés au cours de cette mission permettent d’établir un rapport de faisabilité qui devra être complété par un rapport agro-socio-économique. Le dossier de demande de financement sera préparé par AGIR (Association Générale des Intervenants Retraités) suivant les engagements pris auprès de l’Association au cours de la réunion du 19/12/97 à Paris. Francis PERCHERON Mission en cours : Nord Kivu (Congo-Kinshasa) D’octobre 1996 (pillages par l’armée zaïroise en déroute) à mai 1997 (entrée de Laurent KABILA à KINSHASA), l’occupation par les troupes rebelles a été marquée par une justice expéditive semant la terreur. Mais actuellement, la “société civile” refait surface. Le régime n’aime pas beaucoup les Associations, mais comme son slogan est “au peuple, par le peuple, pour le peuple” et qu’il ne dispose pas des moyens pour contrôler la société, il est bien obligé d’accepter les mouvements associatifs, tout en excluant l’échelon politique. Les seules zones encore troublées par des bandes armées sont les environs d’UVIRA au sud-Kivu et le Masisi au nord-ouest de GOMA. A BUTEMBO, l’administration conservée par KABILA a repris ses activités. Les commerçants qui avaient fui à NAIROBI sont rentrés et leur Association ANEZA a changé son nom en Fédération des Entreprises du CONGO. Après avoir rencontré l’abbé Apollinaire MALU MALU, notre partenaire de WIMA, la mission HSF de reconnaissance de sites de micro-centrales dans la région de BUTEMBO est partie début mars pour quatre semaines avec D. NORMAND en charge du projet, accompagné par un jeune ingénieur hydraulicien, Philippe Thenoz .L’objectif consistera en : la reconnaissance et l’étude de préfaisabilité de micro-centrales (50 à 100 Kw) et d’une mini-centrale (2 à 4 Mw) l’esquisse d’un projet d’adduction d’eau potable pour un nouveau quartier proche de l’Université, qui compte 50 000 habitants la participation à l’élaboration d’un programme de formation à l’hydraulique villageoise pour l’Université.