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En guise d’éditorial : l’avenir d’HSF


 


La poursuite dans l’avenir de la vie et de l’action de HSF constitue légitimement une préoccupation du Bureau de notre Association, tant il est vrai -l’expérience le montre- que certaines initiatives valables et généreuses peuvent s’effacer après le départ de leur fondateur...

Certes, le problème ne se pose pas dans l’immédiat pour nous. Mais il n’est jamais trop tôt pour voir loin et pour structurer tout organisme qui veut assurer sa pérennité -nous le voulons tous au sein de HSF- en vue de lui conférer l’aptitude nécessaire pour faire face aux évolutions futures inéluctables. Le sujet a donc été inscrit au programme de notre Assemblée générale du 31 janvier 1998 et une note “Quelle relève à HSF ?” diffusée par Brice à cette occasion (cliquez).

Des premières discussions sur le sujet ont été développées en carrefours et lors de la réunion de synthèse, prolongées d’ailleurs en apartés par la suite. Le sujet sera repris en réunion du Conseil d’Administration le 14 mars.

Dans la contribution présente, je me propose simplement de rappeler quelques orientations émergeant de toutes ces premières discussions, lesquelles me semblent largement partagées entre nous. Elles prennent en compte la situation actuelle, l’expérience acquise et les quelques données nouvelles apportées en réunion. Tout cela reste bien sûr à discuter, confirmer, compléter ou amender dans la poursuite du débat maintenant engagé.

1 confirmation des grandes orientations actuelles

Mises en place progressivement par les créateurs , elles fondent la spécificité de HSF et la valeur de son action et sont tout naturellement à conserver : Travail commun Anciens et Jeunes donnant possibilité aux premiers de Servir et de “rester dans le coup” et aux seconds de compléter dans l’exercice de tâches concrètes leur formation théorique et d’accroître ainsi leur capacité d’entrer dans le monde du travail normal. A noter que l’enrichissement est bien réel dans les deux sens. Travail fait en participation directe avec des Maîtres d’ouvrage, Maîtres d’oeuvre, ONG de caractère général, au bénéfice de communautés ne disposant pas à priori, pour les tâches confiées, des possibilités financières nécessaires à leur exécution dans le cadre du marché normal ingénierie. Ce dernier peut d’ailleurs intervenir en deuxième phase dans certains cas. Maintien du principe du bénévolat pour les membres HSF intervenant dans le travail à réaliser, ce principe incluant la suppression de tous frais directs personnels pour ces derniers et l’affectation de certaines indemnités aux Jeunes sans ressources externes. C’est l’application de ce principe qui permet le mode d’intervention de HSF tel que décrit ci-avant, lequel -il convient de le souligner- n’implique nullement une gratuité totale pour tout organisme bénéficiaire.

2 Premiers elements nouveaux a mettre en place et revision si besoin est de certaines procedures de travail

Il s’agit pour l’essentiel de la mise en place d’un chargé de mission permanent, travaillant en étroite liaison avec le Bureau, dont il accroîtra les possibilités d’action (tout en le soulageant dans son programme) dans de nombreux domaines tels que : Analyse préalable des actions dont la prise en charge est proposée à HSF Participation active aux études préalables et à la préparation des missions sur place, en relation avec l’équipe chargée de l’opération en cause. Participation personnelle à certaines de ces missions. Coordination entre les différentes sections HSF existantes ou susceptibles d’être créées. Relations avec les différentes ONG avec lesquelles HSF est susceptible de travailler. Recherche de seniors nouveaux parmi les jeunes retraités etc... etc...

En première phase du moins, cette mission serait le fait d’un seul jeune ingénieur, employé comme salarié de HSF, dans le cadre des possibilités nouvellement ouvertes (emplois Aubry), lesquelles nous permettent pour les cinq ans à venir de disposer de ce moyen dans des conditions financières acceptables pour HSF. Lors de sa séance du 31/1/98, notre Assemblée générale s’est d’ores et déjà engagée auprès des instances officielles en charge du sujet. Je note que le rôle dévolu à notre prochain chargé de mission implique une forte motivation de sa part dans le sens d’une recherche permanente de compétence personnelle dans les différents domaines de notre spécificité HSF. La diversité des sujets qui nous sont proposés et le travail en commun avec les différentes équipes regroupées sur ces sujets lui ouvrent largement les possibilités de ce perfectionnement.

3 evocation de quelques questions soulevées en réunion, qui restent a discuter très largement La liste ci-après n’est évidemment pas exhaustive. “Corps de jeunes ingénieurs HSF pour des projets de développement devant progressivement acquérir son autonomie sur les plans responsabilités techniques et gestion financière” ? Cette idée est évoquée dans la note “Quelle relève à HSF ?” Sa mise en oeuvre soulèverait bien des questions complexes... et l’on peut penser -c’est mon cas- qu’elle conduirait notre Association à déborder du domaine qui est le sien. Mais peut-être l’auteur de cette préproposition n’avait-il d’autre objectif que de nous conduire à mieux préciser les limites qui séparent notre champ d’action de celui qui doit relever du marché normal d’ingénierie vers lequel notre Association, dans un de ses objectifs, oriente naturellement nos jeunes adhérents. Création de sections locales nouvelles, répartition des tâches, coordination... Choix des opérations à engager par HSF.

Souvent les demandeurs insistent sur l’urgence d’une décision... celle-ci n’étant pas toujours confirmée dans la poursuite de l’affaire. Il apparaît que, dans toute la mesure du possible, la réunion d’un “brain trust” préalable à l’option devienne systématique, son efficacité semblant à priori supérieure à celle d’une succession de contacts bilatéraux peu favorables à une véritable concertation interne entre partenaires compétents.

A suivre... et bon courage à tous dans la poursuite de notre travail au sein de HSF !

Eloi CHARDONNET

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Voici la question telle qu’elle a été posée à l’Assemblée Générale du 31 janvier 1998
 


Quelle relève à HSF ?


 


1 Constat

Cela fait plus de dix ans qu'a démarré l'action d'HSF. Aujourd'hui, ce que nous avons semé sans relâche commence à porter ses fruits. Mais chaque jour, nos amis les plus anciens sont sur la brèche et blanchissent sous le harnais. Aussi est-il grand temps d'imaginer un relais. La génération des 40-50 ans, encore en activité, croule sous le travail professionnel et n'est guère disponible pour le moment alors que de jeunes diplômés volontaires, très motivés et compétents, se mettent à la disposition de notre Association par dizaines chaque année. A ce jour, nous avons relevé 22 missions de jeunes ingénieurs dont la plupart se sont faites en "binôme" (senior-jeune) et cette tendance va s'accélérer. La formule du binôme est très appréciée par les partenaires qui y trouvent la garantie d'un travail expert, par les jeunes eux-mêmes qui acquièrent ainsi une véritable expérience professionnelle que les entreprises ne prennent plus le temps de leur donner. Mais le nombre des seniors susceptible de participer sur le terrain aux missions dans des conditions souvent difficiles risque de devenir insuffisant, pour des raisons d'âge et de santé.

D'autre part, la formation et la préparation à leurs missions des équipes d'Ingénieurs sans Frontières (Paris, Lyon, Poitiers, Strasbourg, Besançon, Montpellier, Grenoble...), les cours d'hydraulique et de barrages, le suivi des projets de 1è A ou de fin d'études (ENSHMG, ENSAIS..) constituent un important investissement intellectuel qui est aussi un véritable service public rendu à la collectivité mais dont la charge devient de plus en plus lourde.

2 Un projet possible

L'idée a déjà été lancée l'an dernier d'un corps de jeunes ingénieurs HSF pour des projets de développement, avec l'entier soutien des seniors et un objectif : ce corps devrait progressivement acquérir son autonomie, en particulier sur les plans responsabilité technique et gestion financière, les Anciens restant ingénieurs-conseils auprès des plus jeunes. Avec l'aide financière de la région Rhône-Alpes, nous avions déjà envisagé en 1997 la création d'un poste de jeune ingénieur (projets importants en Chine ou en Bolivie). Cette année1998, avec la multiplication des projets et de missions possibles, avec les opportunités offertes par la loi Aubry pour l'emploi des Jeunes, nous pensons le moment venu de faire le pari de cette équipe de Jeunes Ingénieurs. Nous aurons 5 ans pour faire la preuve que ces emplois-jeunes pourront être pérennisés et autofinancés par les services rendus.

3 Quelques problèmes à débattre

Cependant, nous désirons apporter quelques précisions et répondre aux questions éventuelles.

·Concurrence avec les Bureaux d'Etudes existants

L'expérience montre que cet argument est de moins en moins vrai. La politique des grandes entreprises a changé : elles cherchent à déléguer "en externe" le travail de défrichage des grands projets à des conditions peu onéreuses (voire même gratuites). Ainsi notre mission au Honduras pour étudier la rentabilité d'un important projet d'usine marémotrice a permis à Spie-Batignolles et Neyrpic de substantielles économies sur des études de prospection, études auxquelles de nombreuses grandes entreprises semblent renoncer actuellement à cause de leurs coûts. Par ailleurs, ces mêmes entreprises et bureaux d'études n'embauchent plus qu'au "compte-gouttes" et sont tout à fait heureux de pouvoir bénéficier des jeunes ingénieurs que nous avons formés. Pour les petits projets -comme les barrages de N'Dieo et Tambolo et à fortiori pour les petits barrages d'Imgoun et d'Anighd ou le projet de Ouadane- comment des bureaux d'études européens, dont la journée-ingénieur revient à quelques 10 000 F peuvent-ils se permettre de les prendre sérieusement en charge quand on pense que des ouvrages comme un petit barrage d'irrigation de 2 à 3MF peut exiger en études et contrôle quelques 150 à 200 journées-ingénieurs??

· Rémunération

Les prix des services rendus doivent être accessibles à nos partenaires les plus défavorisés. Aussi, nous proposons de discuter sur les bases ci-après : - les rémunérations des "membres permanents" jeunes ingénieurs avoisineraient le niveau du SMIC (avec majorations pour charges familiales et ancienneté) - les Anciens continueront à travailler à titre entièrement bénévole - les jeunes diplômés recevraient une indemnité symbolique (correspondant à celle des jeunes volontaires pour le développement dans les autres ONG, soit 3000 F/mois) Tous les frais de mission seront pris en charge par nos partenaires

· Financement

Durant les cinq premières années, 80 % des charges salariales des jeunes ingénieurs permanents sont assumés par les pouvoirs publics (environ 92 000 F/an/poste) et 23 000 F/an/poste restent à la charge d'HSF. Nous poursuivrons notre politique habituelle : limitation des coûts ; demande de participation minimale à nos partenaires les moins démunis et plus importante aux bureaux d'études qui font appel à nos services.

Conclusion : Pour une ouverture permanente sur le monde industriel

Un délai de cinq ans nous est donné pour prouver que notre projet est non seulement viable mais répond à un besoin spécifique et réel. L'action d'HSF depuis plus de 10 ans est déjà un témoignage éloquent. Mais pour que ce projet ne soit pas une "exception humanitaire", nous voulons aussi qu'il soit ouvert au monde des bureaux d'études et entreprises et encourageons fortement nos jeunes ingénieurs à alterner travail à HSF et en entreprise suivant des modalités à mettre au point. Ce va et vient ne peut qu'être source d'échange et d'enrichissement mutuel et contribuera le plus sûrement à sensibiliser aussi les personnels des bureaux d'études et entreprises aux problèmes de développement.

Brice Wong