Voyage dans l'Himalaya
Une région de l'Himalaya isolée du monde par l'hiver. Une lamaserie accrochée à la montagne. Des moines privés d' " eau courante ", contraints de descendre dans le lit du torrent pour casser la glace et trouver de l'eau. Extrêmes, telles sont les conditions de vie des lamas de Karcha, le grand monastère du Zanskar. L'ancien royaume du Zanskar est un massif de l'extrémité Nord-Ouest de la chaîne de l'Himalaya. Il est jumeau du Ladakh voisin et fait parti du Jammu et Cachemire, Etat de la Confédération Indienne. Sa population appartient essentiellement à l'ethnie tibétaine et bouddhiste. Bien qu'en retard sur le plan du développement économique, cette civilisation est imprégnée d'une philosophie profonde et avancée.
C'est à l'occasion d'un voyage touristique, en juillet 1997, que j'ai proposé à Lama Wangyal de l'aider à trouver une solution au problème d'alimentation en eau du monastère. J'aurais pu ne pas le faire et continuer mon voyage. Il était cependant tellement facile d'effectuer le rapprochement entre le problème humain et récurrent des moines et la solution technique qu'HSF pourrait éventuellement proposer. Je pense que l'activité, y compris économique, n'est pas nécessairement une fatalité. Elle peut être créée en favorisant la rencontre des besoins et en développant les échanges. Mais ceci est un acte volontaire...
Le monastère est actuellement alimenté pendant l'été par une source, captée quelques centaines de mètres en amont dans le talweg du torrent. Un tuyau caoutchouté court de la source au monastère, parfois suspendu au massif rocheux. L'hiver est long, froid et sec, -20°C en moyenne, avec des minima au-dessous de -30°C. L'eau de la conduite gèle environ 8 mois par an.
La solution que Brice Wong et moi envisageons serait de construire un ou des petits réservoirs enterrés au monastère, où l'eau serait stockée pendant l'été. La première étape pourrait consister à construire un réservoir rectangulaire de 50m3 (10m x 2.50m x 2.00m), renforcé par 3 murs de refend espacés de 2.50m. Pour l'isoler, le réservoir devra être enterré et couvert. Les principales difficultés techniques seront à priori l'implantation (massif rocheux ou éboulis), l'étanchéité du réservoir (matériaux), la stabilité du terrain pendant l'exécution. Avant d'engager tous travaux, il serait bon d'améliorer le captage et l'ali- mentation existants. Des reconnaissances complémentaires sont également nécessaires. Ceci ne pourrait-il pas donner du sens au voyage de jeunes ingénieurs souhaitant effectuer la grande traversée du Zanskar ? Avis aux intéressés !