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PROJET "Les Femmes et l'Eau" à OUADANE (MAURITANIE)

HSF est engagé en partenariat avec l'UNESCO et l'Agence de bassin Seine-Normandie pour le suivi et le pilotage de travaux hydrauliques dans le village de Ouadane en Mauritanie dans le cadre de la promotion des femmes. La mission comprend deux volets - développement des ressources en eau : réalisation d'un forage d'environ 60 m de profondeur et capable d'un débit supérieur à 50 m3/j (avec pompe électrique, adductions et réservoir de 40 m3) - formation des femmes organisées en coopératives : ateliers d'hygiène, de gestion économique et financière, de maraîchage. . Dans ce but, plusieurs missions HSF sont prévues.

Ouadane dans l'ADRAR est une palmeraie d'une centaine d'hectares d'environ 4000 habitants dont 60 % ont moins de 25 ans. L'importance de ses vestiges historiques (XIIè siècle) l'a fait classer sur la liste du patrimoine mondial (1997). La population est composée d'éleveurs et d'agriculteurs. Les agriculteurs pratiquent le maraîchage (sous les palmiers), la culture des dattes... Une expérience récente de production céréalière (blé et mil) paraît relativement prometteuse. L'élevage est de type familial et occupe une frange importante de nomades. La ville est bâtie sur une colline de grès surplombant l'oued et sa palmeraie, et à proximité d'un ancien volcan aux formes géométriques assez extraordinaires. L'eau d'irrigation est actuellement fournie par quelques 70 puits artisanaux de 10 à 20 m de profondeur puisant dans la nappe alluviale à environ 7-8 m du sol. Le niveau de cette nappe a quelque peu souffert des dernières années de sécheresse malgré l'efficacité d'un (ou plusieurs?) petits barrages existants. Quant à l'eau potable, elle est fournie actuellement à la ville par un forage réalisé en 1985 dans un affluent de l'oued principal et débitant 7 m3/h, soit 84 m3/j en 12 h de pompage. En évaluant les besoins de la population à 30 l/j/hab.le déficit dans les années à venir serait de plus de 50 m3/j. Or, si la nappe alluviale semble actuellement déjà surexploitée, les potentialités en eau souterraine des grès fissurés du cambrien sont largement suffisantes. D'autre part, le programme gouvernemental en cours d'"Amélioration des Services de l'Hydraulique Rurale" (ASHYR) a vite pris conscience de l'importance du rôle des femmes et de l'intérêt qu'elles accordent aux décisions collectives pour le choix des équipements et la gestion des infrastructures hydrauliques. Mais, malgré les efforts entrepris jusqu'à présent, elles restent encore très peu impliquées dans les processus de décision, traditionnellement prises en "Conseil des sages".

L'Unesco intervenant depuis 1985 à Ouadane dans une approche pluridisciplinaire a donc naturellement été amenée à participer directement à cette ASHYR, en soulignant l'importance d'intégrer les aspects culturels et de les harmoniser avec la planification des actions. En particulier, grâce à la formation des membres des associations féminines, l'Unesco vise à leur donner une autonomie suffisante pour qu'elles puissent assurer le suivi des actions projetées (un trop grand nombre de projets de développement des ressources en eau ont échoué par manque de participation de la communauté villageoise et de considération de son identité socio-culturelle). C'est par l'intermédiaire de Chifa Tekaya que l'Unesco nous a confiés ce projet qui est financé essentiellement par l'Agence de Bassin Seine-Normandie. Préparé depuis avril 97 au cours de plusieurs réunions de concertation entre l'Unesco, l'Agence de Bassin Seine-Normandie et HSF, à Paris et Chambéry, ce projet semble maintenant en bonne voie. La première mission HSF de reconnaissance in situ menée par deux seniors (Bernard Chuzeville et Gérard Sibert) qui doit partir le 22 septembre rencontrera le bureau d'études PHY de Nouachkott (prospection hydraulique) et l'entreprise de forage. Elle devrait permettre l'implantation exacte des sondages de reconnaissance électrique, du forage, des réseaux d'adduction et du château d'eau. Le démarrage des travaux proprement dits devrait intervenir rapidement avec la présence la plus continue possible d'une équipe de jeunes ingénieurs sous la responsabilité de B. Ch. pour assurer un suivi sérieux de toute l'opération, depuis le forage jusqu'à l'exécution du réservoi en béton armé et à la mise en place des canalisations (cette participation de HSF au travail de contrôle de PHY n'était pas prévue dans le budget de l'Unesco présenté à l'ABSN alors que, pour ces deux partenaires, HSF a seule la responsabilité de tout le projet!) L'atelier maraîchage (non encore financé) sera maintenu (sous la responsabilité de Florence Pintus) car cette activité constitue pour les femmes de Ouadane un moyen privilégié d'accéder à l'autonomie financière. Enfin, l'équipe de jeunes ingénieurs HSF ne se contentera pas du seul contrôle de la qualité des travaux (Chifa et Nathalie) et d'une formation des villageoises. Elle essaiera aussi de mieux comprendre les attentes de la population en vivant au quotidien avec elle et pour des périodes suffisamment longues, afin de tisser les liens d'amitié indispensables à de vrais échanges.

Brice Wong

Annabelle Boutet, responsable de la formation des femmes à l'hygiène et à la gestion, insiste sur deux principes : "Tenir compte de ce qui existe déjà sur place et déterminer quels sont les besoins. Ceci ne pourra être fait qu'après une enquête préalable auprès de la population et notamment des femmes. Il semblerait que le principe des coopératives rencontre quelques problèmes de fonctionnement, mais il est difficile de savoir ce qu'il en est exactement. Nous dépendons complètement des besoins et de la volonté des villageois et surtout des villageoises. La connaissance du terrain et la détermination des besoins ne pourra se faire que par une collaboration et un dialogue permanent entre les différents membres de l'équipe HSF. Telle qu'elle est constituée dans le projet, elle met en présence des personnes venant d'horizons différents et donc qui auront des sensibilités différentes. Ces différences devront nous servir à avoir une approche la plus complète possible de la situation. Les groupes de formation à la gestion et au maraîchage devront travailler dans un souci de complémentarité. L'enquête socio-culturelle prévue au départ reste nécessaire, mais elle devra se faire ensemble, d'autant que les différents membres de l'équipe doivent se succéder."