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MISSION à MADAGASCAR

Du 27 janvier au 5 février 1997, Guy SEVENIER a effectué une mission d'expertise à MADAGASCAR sur le site hydro-électrique de VOLOBE, dans le cadre d'une étude économique de l'alimentation électrique de la région de TOMASINA (ex TAMATAVE) pour le bureau d'études IED. Il ne s'agissait pas à priori d'une mission à caractère humanitaire mais d'une mission destinée à alimenter la caisse d'HSF (qui en a bien besoin pour permettre de multiplier les missions binômes Jeunes-Anciens). En fait, elle est apparue bien plus humanitaire qu'il n'y paraissait, dans la mesure où elle pourra, comme d'ailleurs tout travail sérieux, apporter des éléments positifs à l'économie d'une région, et même peut-être du pays. Le but de l'étude était, initialement, de déterminer s'il valait mieux réhabilter la centrale de VOLOBE dans une "boîte" en béton armé, ou alimenter TOMASINA à partir de TANANARIVE avec une ligne à haute tension.

La ville de TOMASINA, environ 130 000 habitants est le poumon économique de MADAGASCAR et le premier port de l'île. La région est alimentée en électricité en réseau séparé par la centrale hydro-électrique de VOLOBE construite en 1926 sur l'IVONDRO et par une centrale thermique diésel construite pour alimenter une usine d'engrais qui n'a jamais fonctionné (un des nombreux "éléphants blancs" selon les Malgaches). Ces deux centrales ont des coûts d'entretien élevés et leur fiabilité est incertaine. En particulier, la centrale de VOLOBE a été implantée au centre d'une courbe de l'IVONDRO et elle a été détruite deux fois en 1956 et 1989 par des crues cycloniques, crues qui empirent de décennie en décennie du fait de la déforestation du bassin versant et maintenant, de l'érosion qu'elle a engendrée. Les conclusions de cette étude sont qu'après quelques mesures d'urgence pour essayer de maintenir quelques années encore les centrales existantes, il faut -pour suivre la croissance de la consommation de la région de TOMASINA- construire une nouvelle centrale hydraulique exploitant tout le potentiel du site de VOLOBE dont les rapides provoquent une chute de 100 m sur une distance de 4 km seulement.

Notre étude a fait découvrir aux Malgaches l'intérêt de la modulation hydraulique pour suivre les fluctuations journalières et hebdomadaires de la consommation. Des études antérieures du site, faites par les Nord-Coréens et les Suisses, avaient montré le potentiel de chute du site, mais n'envisageaient comme débit garanti que le débit d'étiage du fleuve en période sèche et le turbinaient au fil de l'eau. Ils n'avaient apparemment pas vu que le premier rapide amont est précédé de 10 km de plat, et qu'il suffit de surélever le seuil de 2 mètres pour faire une réserve plus que journalière et même plus qu'hebdomadaire, ce qui permet un débit d'équipement au débit moyen annuel, et non plus au débit d'étiage, soit 44,8 MW. C'est le projet VOLOBE AMONT que nous avons proposé, tout en suggérant, sous réserve de l'étude d'impact à l'amont, que quelques mètres supplémentaires de barrage permettraient de créer une réserve annuelle pour passer la saison sèche. Mais, paraît-il, il ne faut pas effaroucher les banquiers avec des barrages, même de 10 m !

Même en se limitant à cette puissance d'équipement, le prix du KW installé sur ce site s'avère être inférieur à 7000 F, c'est-à-dire inférieur au prix de l'investissement du thermique, ce qui est un comble... L'étude conclut également qu'il faut construire en parallèle la ligne à haute tension entre TOMASINA et TANANARIVE, non seulement pour assurer la sécurité et la stabilité de l'approvisionnement de TOMASINA et de sa région, mais aussi celles de la région de TANANARIVE qui sera bientôt déficitaire, alors que la production de VOLOBE AMONT sera excédentaire pendant plus de 20 ans. L'intérêt (et le risque) de cette étude est d'avoir montré que les sites hydrauliques malgaches étaient loin d'avoir été tous étudiés et optimisés. Le site de VOLOBE AMONT s'avérant d'un intérêt national, on peut craindre qu'on reparte à zéro pour de longues études et discussions avant d'enclencher des réalisations.

Guy SEVENIER.