PLUS DE SOLIDARITE AU QUOTIDIEN... "ICI ET LA-BAS"
Dans ce village planétaire qu'est devenu notre vaste monde
D'une synergie inter-générations...
En décembre 96, on dénombrait en France plus de 600 000 demandeurs d'emploi de moins de 25 ans sur un total de 3 millions. Cela s'explique d'autant moins que le niveau de formation des jeunes ne cesse d'augmenter. De tous les pays de l'OCDE, la France est celui où le taux de poursuite des études des 20-24 ans est le plus élevé, ce qui n'est pas sans provoquer certains effets pervers, comme le recrutement de diplômés surqualifiés par rapport à l'emploi proposé. D'où la démotivation de ces derniers alors que les non-qualifiés voient leur taux de chômage encore augmenter. A l'autre bout de la chaîne, les plus de 50 ans sont dèjà considérés comme trop vieux pour des formations de recyclage ou pour de nouvelles embauches. Les conducteurs de bus réclament la retraite à 55 ans mais, avec force primes, les médecins sont poussés à arrêter leur travail à 56 ans. Nombre d'ingénieurs et cadres dévoués corps et âme à leur entreprise et qui se croyaient indispensables sont remerciés du jour au lendemain : effarant gâchis humain alors qu'en France et dans le monde les besoins restent immenses. Est-ce vraiment une fatalité ? Avec de trop faibles moyens et dans le seul domaine de l'Hydraulique, H.S.F. montre qu'une vraie confiance intergénérations permet aux anciens d'être encore fort utiles jusqu'à 75 ans ou plus, et aux jeunes d'en profiter (tutorat, stages "diplômants", missions binômes...) : goutte d'eau dans la mer du chômage, et sans aucune prétention d'universalité. Mais d'autres Associations techniques ne peuvent-elles pas prendre aussi ce même genre d'initiative et "les petits ruisseaux faire de grandes rivières"?
A la découverte des autres peuples et cultures
Cette découverte est d'abord le meilleur remède contre la xénophobie et le racisme dans une France prospère mais inquiète qui a oublié son histoire récente, peut-être parce que le développement vertigineux de la technologie n'a pas toujours servi à augmenter nos espaces de liberté mais a contribué, paradoxalement et trop souvent, à générer peurs et désespoirs : peur de l'avenir qui entraîne naturellement la peur du concurrent, surtout s'il est "étranger", cette peur de l'autre qui rapidement se convertit en haine xénophobe, en rejet des différences qui menacent notre civilisation occidentale. Durant les trente glorieuses, on envoyait des "sergents recruteurs" chercher de l'autre côté des Alpes ou de la Méditerrannée la main-d'oeuvre nécessaire aux grands chantiers des travaux publics, des mines ou des chaînes de production pour les travaux les plus durs dont ne voulaient plus les Français.
En tant qu'hydrauliciens et anciens des grands barrages, bon nombre d'entre nous ont directement vécu ce brassage des nationalités et des cultures, avec ses difficultés mais aussi ses richesses. Sur le chantier de barrage du Mont Cenis, les clandestins yougoslaves "piqués" par les gendarmes à la frontière étaient accueillis à bras ouverts par les entreprises... et régularisés aussitôt. Ces temps bénis pour l'immigration semblent maintenant révolus, au moins pour quelques années. Et pourtant, on sait que vers 2005-2010, le vieillissement des populations européennes amènera de nouveau à rouvrir largement les frontières pour que les Jeunes des Tiers-mondes viennent travailler et payer les retraites des Occidentaux âgés . Et la boucle est alors bouclée, du chômage au racisme et à l'exclusion, de sorte qu'il est vain de vouloir séparer les difficultés sociales en France des drames de la misère des Tiers-mondes. Notre travail de technicien ne nous permet pas de nous en abstraire et de nous contenter de notre petite adduction d'eau ou de notre petit barrage villageois. Il n'est pas possible de choisir entre "la Corrèze ou le Zambèze", leurs sorts sont indissolublement liés.
"Tout comme il y a un Sud infiltré dans le Nord, il y aura de plus en plus un Nord dans le Sud qui a bâti ses fortunes sur le travail des plus pauvres. Que ce soit en Asie, en Afrique ou en Amérique latine, la richesse des riches s'est accrue dans la même proportion que la pauvreté des plus pauvres, insulte obscène d'une opulence qui récompense les trafiquants de la misère au moment où, au nom des lois du marché, on confond la liberté de l'argent avec la liberté des personnes" (Eduardo Galeano, écrivain uruguayen - La Croix du 11/2/97)
Pour une mondialisation solidaire
L'actualité n'est pas toujours aussi sombre. Ainsi, prenant exemple sur les grandes multinationales occidentales, les trusts coréens étaient partis à la conquête du monde et plus rien ne semblait pouvoir les arrêter. Après s'être portés acquéreurs en 1996 de l'avionneur Fokker en faillite -et cela avec l'aide de l'Etat néerlandais (1,7 milliard de F de subventions), le trust Samsung s'empare de l'informaticien américain AST tandis que Kohgs rachète l'allemand Basf et que Daewoo rate de peu Thomson Multimedia (Monde Diplomatique de février 97 - Laurent Carroue) Pour leur flexibilité et leur docilité, les ouvriers coréens étaient alors donnés en exemple aux salariés européens. Ils sont maintenant en première ligne et ne veulent plus être traités en robots et en machines pour conquérir leur dignité d'hommes, avec tous les risques qu'apporte la liberté.
Aujourd'hui, du succès ou de l'échec des travailleurs coréens peut dépendre l'avenir de bon nombre de jeunes français, tout comme pour demain les espoirs de démocratisation de l'immense Chine ne peuvent laisser indifférents les peuples d'Occident.