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MISSION EN BOLIVIE

REGION DE COCHABAMBA

Du 3 au 31 octobre, 2 seniors, Brice et Michèle Wong et 2 jeunes ingénieurs Damien Rabuteau et Isabelle Janet ont effectué une Mission HSF d'abord dans la région de Cochabamba pendant 3 semaines, puis dans une communauté paysanne au sud-est de La Paz, le village de Saya.

A Cochabamba, Terre des Hommes-France (TDH) avait demandé à Hydraulique sans Frontières de fournir un appui au CIDRE, son partenaire bolivien, pour les Projets d'irrigation. La mission a été financée par TDH à hauteur de 25.000 F

NOTRE PARTENAIRE

Le CIDRE, Centro de Investigacion y Desarollo Regional, a été fondé en 1981. D'observateur (recherche-information) il est passé au rôle d'acteur du développement.

Son champ d'action est vaste: étude des problèmes économiques, sociaux et politiques de la région et du pays; identification et élaboration de projets tels que financement de la petite industrie et de l'artisanat, l'habitat et l'environnement, le développement de projets d'irrigation et eau potable.

En particulier, le CIDRE a utilisé l'argent de la vente de 1540 tonnes de farine de blé données par l'Union Européenne pour financer par un fond tournant(1) la construction de petits projets d'irrigation: puits semi-profonds, canaux, ouvrages anti-érosifs...

Dans le domaine de l'irrigation et de la lutte anti-érosive, nous avons été impressionnés par le sérieux et l'importance des actions entreprises:

- barrage de Laka Laka (hauteur = 31 m; longueur = 148 m; capacité de 2 800 000 m3) financé par des Organisations canadiennes pour l'eau potable (il y a sur place une station de traitement) et l'irrigation

- lutte anti-érosive au moyen de seuils en gabions ou, lorsque le lit des torrents est plus étroit, de petits seuils arqués en pierres de 30 à 40 cm de hauteur

- une vingtaine de puits profonds de 100 à 120 m
Ces travaux, en même temps qu'ils améliorent les capacités agricoles des Communautés, renforcent leur organisation.

LES PROJETS

1-Suivi des eaux souterraines et réalimentation de la nappe

Le problème de l'eau à Cochabamba est critique et la sécurité alimentaire de la région et même du pays dépend de la production agricole de cette zone.

En 1994, un rapport SEURECA-BRGM-SOGREAH-CGL estimait la balance hydrologique du bassin versant de Cochabamba juste en équilibre: 60 Mm3/an, en consommation comme en recharge.

Malgré les conclusions alarmantes de ce rapport, quatre forages profonds de 500-600 mètres ont été décidés pour continuer à alimenter la ville. Le coût de ces quatre forages avec financement du gouvernement français avoisinerait 4 M FF.

Deux sont déjà réalisés: le premier donne 80 l/s et le second quelques 20 l/s. Or les simulations mathématiques du rapport 1984 prévoient que le pompage d'1m3 supplémentaire dans les 5 ans qui viennent ferait baisser la nappe de 20 à 30 m

Une première question se pose déjà sur le rapport qualité-prix de ces forages profonds, si on les compare aux forages récents réalisé par le SEMAPA (Office des Eaux de Cochabamba) ou le CIDRE à 100-120 m qui donnent 20 à 25 l/s pour un coût moyen global de 150 000 FF.

Ce qui semble beaucoup plus inquiétant ce sont les répercussions des forages sur les débits de l'ensemble des puits superficiels de la région. L'abaissement prévu de la nappe les mettrait à sec et ruinerait bon nombre de familles paysannes. Ces forages profonds ne peuvent donc qu'être un palliatif d'urgence pour l'alimentation en eau potable de la Ville de Cochabamba... mais au détriment des zones rurales environnantes.

Cet avenir très préoccupant justifie les projets du CIDRE de surveillance et de réalimentation de la nappe.

 Si l'on considère que la situation hydrologique actuelle (octobre 1996) du bassin de Cochabamba présente un équilibre précaire, il est très important de surveiller le niveau des aquifères, d'interpréter les données recueillies, d'organiser la concertation avec les municipalités et les populations concernées sur les mesures à prendre, enfin d'établir des normes d'utilisation.

 Le CIDRE a mis au point un appareil de télémesure du niveau statique et dynamique de l'eau dans les puits qui sera testé dans un premier temps sur un échantillon de 35 puits. "Le suivi de la nappe permettra de fournir un état "ZERO" et servira de référence en cas de litige entre l'Office de l'Eau et les Communautés villageoises. Mais, pour éviter d'en arriver à des situations conflictuelles, le CIDRE souhaite proposer des normes d'utilisation de l'eau, en concertation avec les villes, les communautés et les industries."

 Les études françaises ont aussi montré qu'une grande partie des pluies qui tombe sur le bassin de Cochabamba s'écoule et sort de la région sans avoir le temps de s'infiltrer. Pour réalimenter la nappe, H.S.F. préconise des ouvrages en gabions ou en pneus en particulier dans les lits des rios, afin de ralentir l'écoulement et d'améliorer l'infiltration.

2 Nouveaux projets

 Mais il semble urgent de chercher de nouvelles possibilités d'apports et de recharge des aquifères de Cochabamba. C'est pourquoi le CIDRE a étudié le projet de Calzonani qui lui paraissait le plus intéressant par ses perspectives économiques et surtout son utilité sociale. Son impact socio-économique sera important puisqu'il concerne 1600 familles au niveau rural (7 400 personnes) et 20 000 personnes dans la ville de Quillacollo qui manquent actuellement d'eau potable.

 Le projet initial du CIDRE était difficile à réaliser à cause de:

 - la situation en haute altitude (4 500 m environ) d'une grande partie des ouvrages (barrages et adductions) qui rendait difficiles les accès au chantier et les conditions de travail.

 - la longueur totale des adductions prévues (25 km en première phase) et leur implantation sur des pentes très raides, avec quelques passages sur des éboulis instables

 - les difficultés d'entretien de ces adductions (qui passaient en galerie dans les tronçons les plus difficiles) mais étaient à ciel ouvert avec des risques probables et fréquents de bouchures par des apports solides des eaux de ruissellement après chaque pluie d'orage

 - la valorisation énergétique réduite à 500 m alors que la dénivelée entre le réservoir de tête de Calzonani et la petite centrale hydroélectrique est de 1 700 m,

Les propositions d'HSF concernent:

- la surélévation d'au moins trois lacs avec des barrages de 20 m de hauteur environ pour stocker un maximum d'apports de la saison des pluies, soit ]2 hm3 sur 17 hm3 des apports du bassin versant (BV) amont et probablement 3 à 4 hm3 sur les 13 hm3 du BV aval

- le remplacement des canaux ouverts par une conduite en PEHD enterrée

- le remplacement des canaux ou conduites, dès que les pentes sont trop raides ou le terrain instable par des tronçons de galeries de longueur inférieure à 3 km

- la valorisation maximale sur le plan énergie par une chute de 1600 m sur une dénivelée maximum dé 1700 m (de 4500 à 2XOOm)

 L'objectif du projet Calzonani est de fournir de l'eau potable (100 l/s) et pour l'irrigation (300 l/s), et de l'énergie électrique (chute de 160() m ; productible de 87 Gwh et 10 Mw de puissance installée utilisables en pointe) .

 Le projet Calzonani devrait aussi offrir des possibilités d'intervention à l'industrie française qui a l'expérience des hautes chutes (GEC-Alsthom-Neyrpic...) et constituer une vitrine de la technique française en Amérique latine.

On prévoit pour ce projet ,un délai d'exécution de 3 ans avec un budget de 70 MF.

 Nous avons effectué une démarche d'information (2) auprès de l'Ambassade de France et de la Délégation de l'Union européenne à La Paz.

CONCLUSION

 En plus de son grand intérêt pour la région de Cochabamba, l'ensemble de ces projets devrait aussi permettre - lorsque les financements seront réunis - un travail à long terme d'au moins 5-6 équipes binômes de jeunes Ingénieurs boliviens et français dans les différentes spécialités:

- irrigation et eau potable
- géologie et géotechnique
- barrages
- conduites forcées et usines
- électromécanique
- lutte antiérosive


Michèle WONG.

(1) Le "fonds tournant" signifie que l'argent prêté aux communautés sera remboursé (il l'est déjà en partie) et servira à d'autres réalisations, ce qui en même temps favorise la coopération entre communautés.

(2) et remis un mémoire détaillé de ces projets au nom de Terre des Hommes-CIDRE-HSF