Pierre Claverie, évêque d’Oran a été assassiné le 1er août 1996.
Il suivait l’évolution de l’Algérie au gré des évènements mondiaux... et prenait sa part de la souffrance et de l’espérance de son pays avec amour, respect, patience et lucidité. Ce dont il souffrait de la part de ses adversaires était l’occasion pour lui de s’interroger sur ses propres attitudes et celles des chrétiens ses frères. “Parce que la différence des autres nous surprend, nous déroute, nous bouscule, nous cherchons à la réduire ou à l’exclure.... Dans cette histoire, personne n’est innocent : ni les chrétiens, ni les musulmans. Si chacun a eu ses bons moments et ses heures de gloire, tous ont également contribué à entretenir la méfiance, l’humiliation et la violence.
Pierre Claverie n’ignorait pas la violence dont l’Eglise avait été complice au temps des Croisades ou de l’Ancien Régime, sans parler de la colonisation. Mais cette lucidité ne fournit aucune excuse à la violence actuelle des fanatiques de l’Islam et au totalitarisme de la Loi qu’ils veulent imposer à tous. Courageusement, l’évêque d’Oran dénonce leurs propos chargés de haine et d’injustice au risque d’y laisser sa vie. Se présentant comme cheikh chrétien, il se savait menacé : “Je suis un responsable et j’ai toujours défendu publiquement ce qui me paraissait juste, vrai, et ce qui favorisait la liberté, le respect des personnes, spécialement les petits et les minoritaires. J’ai milité pour le dialogue et l’amitié entre les gens, les cultures, les religions. Tout cela mérite probablement la mort et je suis prêt à en assumer le risque. Ce serait même un hommage que je rendrais au Dieu auquel je crois.”
Cet hommage fut rendu le 1er août.