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Honduras : Mission 2000

De juin à septembre 2000
Participants : Michel Chartier, Bertrand Gonthiez, André Lefeuvre et Nathalie Modoux

Objectifs atteints ! Nous avons permis à toute une population d’avoir ce qui est dû à tout homme sur Terre, l’accès à l’eau potable.

Aujourd'hui les 5 communautés, objets de notre mission, ont de l'eau à proximité de leurs maisons. Finies pour eux les heures de marches à pied, bassines sur la tête, bidons de 30 ou 40 litres à la mains comme on l'a parfois vu, afin de rapporter chez eux le précieux liquide …

Le 26 septembre, la mission "Honduras 2000" prolongée d'un mois pour Michel et Bertrand s'achève enfin. Quatre mois de terrain, quatre mois de courses effrénées durant lesquelles nous nous sommes battus afin de réaliser ces 5 projets...

Et ce ne fut pas une mince affaire, puisque que nous devions, compte tenu du financement alloué par l'AESN (Agence de l’Eau Seine-Normandie), réaliser ces travaux en l'espace de 3 mois ! Un mois de plus aura donc été nécessaire compte tenu du travail que demandaient ces 5 opérations toutes dispersées dans la région Sud.
Au total donc, environ 18 km de tuyauteries, en PVC et en acier galvanisé ont été posés et, aujourd'hui  plus de 3500 personnes bénéficient de ces réalisations.

Une belle aventure tant pour les villageois bénéficiaires des installations d'eau potable que pour nous qui avons beaucoup appris au contact des habitants…

Résultats projet par projet

La Lamilla

* Une communauté isolée dans les montagnes où chacun de nos déplacements était une véritable expédition…
* Quinze bornes-fontaines réalisées dans 6 hameaux et villages...
* Près de 7 km de canalisations posés en franchissant 5 collines et 5 thalwegs…

Etant donnée l'existence d'une dénivelée de 450 m entre la source et la maison la plus basse du village, la construction d'une réserve de 24 m3 et de 6 brise-charges ( dont 2 de 8 m3) a été nécessaire.

Pour l'ensemble des travaux de maçonnerie (prise d'eau, réservoirs, brise-charge, blocages des canalisations lors des traversées de ruisseaux…etc) 135 sacs de ciment ont été utilisés, ce qui représente environ 18 m3 de béton mis en œuvre.
 

Au bout de 3 mois de chantier, au fil des jours, la fatigue des villageois augmentait et le travail s'en trouvait ralenti… Une prolongation s'imposait donc.
A notre départ, malgré la prolongation d'un mois de notre séjour, seules 7 bornes-fontaines étaient en fonctionnement, et les autres n'avaient encore pu être mises en place.
Les villageois et le fontainier ont donc terminé seuls le travail, accompagnés de nos consignes.

Las Ventanas

* Un village en pente, aux rues pavées de blocs de basalte où des murets en pierres de chaque côté montrent la direction du chemin...

* Des villageois unis et solidaires dont la générosité nous a beaucoup touchés…
Au total, 45 maisons, 360 habitants, une église et une école sont à ce jour bénéficiaires du réseau d'eau potable mis en oeuvre.

La construction du pont de 55 m à l'aval de la source a été un franc succès. Le fameux ouvrage est bel et bien là. Un "cas d'école" et qui plus est, solide, de façon à résister à un futur "Mitch"…

Aujourd'hui l'eau coule à flot et avec un débit tel que le réseau lui-même  serait capable d’alimenter un deuxième village.

Santa Irene

Quatre mille cinq cents mètres de canalisations. Quarante cinq maisons, une église et une école, soit plus de 360 personnes bénéficient aujourd'hui de l'eau potable. Le projet était basé sur un travail communautaire, comme tous les autres d'ailleurs. Chaque famille a participé à la réalisation des travaux. Pour cela, deux équipes de 15 personnes furent constituées : une pour la réalisation des tranchées, l'autre pour la réalisation du captage et de la pose des tuyaux. Les travaux ont bien avancé malgré les surprises que nous avons eues lors de nos visites : fuites au captage, pose des tuyaux imparfaite…mais tout cela s'est résolu peu à peu...

Avant notre départ, une inauguration a pu être réalisée en présence du Maire du "Municipio" de Namassigué, madame Vilma CASTRO, du Père CORRIVEAU, évêque de Choluteca et de quelques médias (télévision locale, journaux locaux et nationaux). Cette fête nous a permis de mettre en valeur le travail solidaire de toute la communauté et de l'équipe HSF, ainsi que l'aide apportée par l'AESN et par Caritas.

Colonia Satelite

Actuellement 45 maisons sur les 160 prévues sont construites. Les autres sont en cours de construction ou le seront dans l'année.

Au total, 3783 m de canalisations correspondant au réseau général de la colonia ont été posées. Ainsi les 45 maisons construites sont alimentées par un puits équipé d'une pompe à main provisoire, dans l' attente du  futur réservoir et de sa pompe électrique.

Le manque de communication et de solidarité au sein de cette communauté a été le plus grand problème que nous ayons rencontré. En          effet, toutes les maisons n'étant pas construites, il nous a été très difficile de faire participer les propriétaires "installés" aux travaux des maisons futures…

Les réseaux particuliers et leur branchement seront réalisés au fur et à mesure de l'installation des habitants.

Colonia Gracias A Dios

Sur un site arboré, traversé par un petit ruisseau, 52 maisons, soit environ 450 personnes sont aujourd'hui alimentées en eau potable. Chaque maison bénéficie d'un robinet. Au total, 1725 mètres de canalisations auront été nécessaires pour construire le réseau propre à la colonia ; celui-ci est alimenté par le réseau gravitaire de la ville. Une partie de l'alimentation générale a été rénovée en amont du réservoir de la ville, afin de compenser la perte de débit causée par l'extension du nombre de maisons desservies.

En fin d'opération, il ne restait plus qu'à raccorder le réseau de la colonia au réseau principal. Cette délicate connexion effectuée par soudage entre les deux réseaux s'est bien déroulée et aujourd'hui chacune des 52 familles de la colonia peut donc profiter de l'eau potable à proximité de sa maison.

Une gestion sur le long terme

Pour chaque projet, un comité de l'eau a été créé avec l'aide de Caritas afin de gérer au mieux le réseau. Ce comité comprenant un président, un vice-président, un trésorier et trois membres, tous habitants du village, a déterminé une tarification forfaitaire et mensuelle par famille.
Nous avons de plus laissé du matériel de rechange sur place (confié au Comité de l'eau) pour effectuer d'éventuelles réparations qui peuvent rapidement se révéler très coûteuses pour ces communautés très pauvres.


 
 

Souvenirs et anecdotes…

Les robinets ont coulé et la joie des habitants s'est manifestée souvent avec retenue mais parfois avec des cris de joie comme à Santa Irene… Lors des essais de mise en eau, et voyant l'eau couler de son robinet, une femme s’est mise à crier en se jetant de l'eau sur le visage, "Gracias A Dios, Gracias A Dios…". Elle n'y croyait pas. Elle nous confia par la suite qu'elle n'avait jamais cru à ce projet et qu’elle n’avait jamais pensé qu'un jour elle verrait couler l'eau devant la porte de sa maison.
On a pu voir aussi certains habitants astucieux improviser devant chez eux une douche à l'aide d'un morceau de tuyau suspendu à quelques branches… merveille qu'ils n'avaient jamais imaginée et encore moins  envisagé d’acquérir…

A Las Ventanas, avant même que le réseau ne soit installé ou avant même que le pont n'ait été réalisé, les gens avaient déjà branché des bouts de tuyaux flexibles de l'amont du pont jusqu'en haut du village. Ils voulaient faciliter au plus vite le travail des femmes en leur évitant le lavage du linge sur les rochers de la rivière ou bien une marche d'un kilomètre jusqu'à la source pour chercher de l'eau. Une eau de source si bonne que nous faisions à chaque visite des provisions dans nos gourdes et bouteilles…
 
 

Vers un partenariat HSF-Caritas…
et pourquoi pas AESN…

Mais ce n'est pas fini…nous souhaitons que les actions d'HSF aient une suite. Face à la pauvreté et aux difficiles conditions de vie de ces  communautés, Caritas nous a fait part de plus d'une vingtaine d'autres projets relatifs à l'alimentation en eau de divers villages, tous plus ou moins abandonnés des autorités et sinistrés par Mitch… Avant de quitter le pays, Michel et Bertrand ont ainsi pu visiter une quinzaine de sites, tous sélectionnés suivant certains critères (villages très pauvres, touchés par l'Ouragan Mitch, source pérenne à proximité…). Nous en avons donc retenu 5 qui ont fait l'objet d'une demande de financement auprès de l'AESN, toujours avec l'objectif d'apporter notre soutien aux populations victimes directes ou indirectes de l'ouragan.

Il faut savoir que la reconstruction des infrastructures du pays, classé parmi les pays les plus pauvres du globe, absorbe la majorité des crédits d'investissement, et qu'il n'est pas question pour les autorités de se préoccuper des villages "oubliés" dans la campagne ou les forêts (surtout si les populations votent mal…).

Ce partenariat (HSF-Caritas) est apparu évident aux deux parties, l'alimentation en eau potable étant un des problèmes majeurs de la région sud du Honduras. Caritas a besoin d'un appui technique dans le domaine de l'adduction d'eau. Par ailleurs, HSF n'ayant pas d'antenne permanente sur place et disposant de financements très limités, a besoin du soutien logistique de Caritas.

Nous souhaitons aussi que l'AESN nous suive dans cette démarche comme au cours des années précédentes… Ainsi les projets prévus pour l'année 2001 pourront encore une fois se réaliser dans les meilleures conditions. L'aventure continue donc. A suivre dans les prochains mois…

Michel Chartier, Bertrand Gonthiez,
André Lefeuvre, Nathalie Modoux